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Comment est fait l’Armagnac : Origines, production et spécificités de la plus ancienne eau-de-vie du Sud-Ouest

Jan 28, 2025Leo Brun

L’Armagnac est souvent considéré comme l’une des grandes fiertés françaises, à l’instar du Cognac. Produite dans le Sud-Ouest de la France, cette eau-de-vie jouit d’une histoire riche, de méthodes de production uniques et d’une palette aromatique qui la distingue nettement d’autres spiritueux. Dans cet article, nous allons plonger dans l’univers de l’Armagnac : avec quoi est-il fait, comment est-il élaboré, quelles sont les différences avec le Cognac, que signifie « Armagnac hors d’âge » et enfin, comment choisir le meilleur Armagnac pour s’initier ou se faire plaisir.

Sommaire : 

Qu’est-ce que l’Armagnac ?

Avec quoi est fait l’Armagnac ?

Comment est fait l’Armagnac ?

Quelle est la différence entre le Cognac et l’Armagnac ?

Que veut dire « Armagnac hors d’âge » ?

Quel est le meilleur Armagnac ?

Conclusion

Qu’est-ce que l’Armagnac ?

Les origines historiques de l’Armagnac

L’Armagnac est reconnu comme la plus ancienne eau-de-vie de vin produite en France, précédant même le Cognac. Les premières traces de sa production remontent au Moyen Âge, avec des documents qui évoquent déjà, au XIIIᵉ siècle, une eau-de-vie de vin élaborée dans la région de Gascogne.

Autrefois, les moines et les nobles découvraient les vertus médicinales de cette eau-de-vie. Bien plus tard, au fil des siècles, l’Armagnac est devenu une boisson de dégustation appréciée pour son caractère typé et rustique, reflétant le terroir gascon et les traditions séculaires de la région.

La zone de production et l’appellation

Le terroir de l’Armagnac se situe dans le Sud-Ouest de la France, en Gascogne, dans ce qu’on appelle communément le « Triangle d’Or » formé par trois grandes zones :

  1. Le Bas-Armagnac : Il occupe la partie la plus à l’ouest et au nord-ouest de l’appellation. Les sols y sont sablo-limoneux (appelés « sables fauves »), propices à l’élaboration d’eaux-de-vie réputées pour leur finesse et leur fruité.
  2. L’Armagnac-Ténarèze : Au centre de la région, avec des sols argilo-calcaires plus variés, donnant des Armagnacs structurés et puissants.
  3. Le Haut-Armagnac : Situé à l’est et au sud-est, on y produit moins d’Armagnac en termes de volume, mais les quelques producteurs y font des eaux-de-vie à la personnalité parfois très affirmée.

Ces trois zones sont regroupées sous l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) « Armagnac », garantissant des règles strictes de production et un savoir-faire ancestral.

Pourquoi l’Armagnac est-il si apprécié ?

L’Armagnac est particulièrement apprécié pour sa rondeur en bouche, sa richesse aromatique (notes de pruneau, de vanille, d’épices et parfois de fruits secs) et son caractère rustique mais élégant. Les amateurs de spiritueux aiment souvent le comparer au Cognac pour en souligner les différences : alors que le Cognac est plus standardisé, l’Armagnac est parfois perçu comme plus artisanal, plus confidentiel et plus authentique.

des vignes d'armagnac cépage

Avec quoi est fait l’Armagnac ?

Les cépages utilisés

L’Armagnac est issu de la distillation de vins blancs secs, principalement élaborés à partir de plusieurs cépages autorisés dans l’appellation. Les quatre cépages majeurs sont :

  1. Ugni Blanc : Cépage très présent également dans le Cognac. Il apporte acidité et finesse, contribuant à l’équilibre de l’eau-de-vie.
  2. Baco Blanc (ou Baco 22A) : Cépage phare du Bas-Armagnac. Il donne des eaux-de-vie riches et robustes, avec des arômes fruités, et c’est l’un des rares hybrides autorisés dans une AOC française.
  3. Folle Blanche : Historiquement très utilisé avant l’arrivée du phylloxéra, ce cépage est connu pour ses notes florales et une grande finesse aromatique.
  4. Colombard : Cépage aromatique qui apporte des notes fruitées et épicées.

D’autres cépages, comme la Clairette de Gascogne, le Plant de Graisse ou encore la Jurançon Blanc, sont aussi autorisés mais restent plus confidentiels. La combinaison de ces cépages donne aux vins de base destinés à la distillation des caractéristiques variables selon les domaines, les terroirs et les choix des producteurs.

Les terroirs et les sols

Le sol est un élément capital dans l’élaboration de l’Armagnac. Les sables fauves du Bas-Armagnac confèrent aux vins une acidité et un fruité idéals pour la distillation. Les argiles et calcaires de l’Armagnac-Ténarèze donnent des eaux-de-vie plus structurées, nécessitant parfois un plus long vieillissement pour atteindre leur plein potentiel. Dans le Haut-Armagnac, là où les producteurs sont moins nombreux, l’expression du terroir reste souvent plus atypique.

Les vendanges

Les vendanges se font généralement entre septembre et octobre, selon la maturité des raisins et les conditions climatiques. Les raisins destinés à l’Armagnac doivent conserver une bonne acidité pour donner un vin blanc sec et nerveux, peu alcoolisé (autour de 8 à 10 % vol.). On recherche avant tout la fraîcheur aromatique plutôt que la puissance alcoolique.

Les grappes sont pressées immédiatement après la récolte pour éviter toute macération qui développerait des arômes indésirables dans le vin de base. La fermentation alcoolique se fait ensuite de façon assez rapide pour conserver un maximum de fruité.

cheh d'armagnac

Comment est fait l’Armagnac ?

Le cœur de la question : comment produit-on cette eau-de-vie si particulière ? Contrairement à beaucoup d’autres spiritueux, l’Armagnac suit un processus de production traditionnel, transmis de génération en génération et protégé par des règles de l’AOC.

La distillation : un alambic unique

La distillation de l’Armagnac s’effectue traditionnellement dans un alambic armagnacais ou alambic à colonne « armagnaçaise ». Contrairement au Cognac, qui utilise une double distillation en alambic charentais (chauffe à repasse), l’Armagnac est la plupart du temps distillé une seule fois dans un alambic à colonne continue spécifique à la région.

  1. Alambic armagnacais : Il est composé de plateaux permettant de séparer les vapeurs d’alcool et de concentrer les arômes. Le vin est chauffé, l’alcool se vaporise, puis se condense en eau-de-vie. La distillation continue donne une eau-de-vie titrant généralement entre 52 % et 72 % vol.
  2. Température et préservation des arômes : Ce procédé en continu opère à basse température, autour de 52 °C à 60 °C dans la colonne, permettant de préserver un maximum d’arômes fruités et floraux.

Certains producteurs optent néanmoins pour une distillation en alambic charentais ou mixent les deux méthodes. Cela reste toutefois marginal : l’identité la plus profonde de l’Armagnac réside dans l’alambic armagnacais traditionnel.

L’élevage en fûts de chêne

Une fois la distillation achevée, l’eau-de-vie incolore que l’on appelle la « blanche » est mise en fûts de chêne pour y vieillir. L’élevage est essentiel pour la transformation aromatique et la couleur ambrée de l’Armagnac.

  1. Le chêne gascon et le chêne limousin : Les barriques utilisées sont souvent fabriquées en chêne de la forêt de Monlezun (dans les Landes) ou en chêne de la région du Limousin. Le chêne gascon, riche en tannins, imprime des notes plus marquées de vanille, de caramel, voire de fruits secs.
  2. La durée de vieillissement : L’Armagnac peut vieillir plusieurs années, voire plusieurs décennies. Les jeunes Armagnacs (VS, VSOP) offrent déjà un joli fruité, tandis que les plus vieux millésimes ou hors d’âge développent des notes plus complexes de pruneau, de rancio, d’épices douces.

Au contact du bois, l’eau-de-vie perd lentement en alcool et en volume (c’est la fameuse « part des anges »), gagnant en rondeur et en complexité.

L’importance du chai et du maître de chai

Le chai (le lieu où sont stockés et élevés les fûts) joue un rôle primordial dans le développement aromatique de l’Armagnac. La température et l’humidité influent sur la vitesse d’évaporation de l’alcool.

Le maître de chai, en dégustant régulièrement les eaux-de-vie, décide du moment opportun pour réaliser des assemblages ou pour faire un éventuel changement de fût. C’est cet art de l’assemblage qui permet d’offrir des cuvées équilibrées, même si certains producteurs préfèrent proposer des Armagnacs de millésime unique.

Le rôle de la « part des anges »

Tout au long du vieillissement, l’Armagnac subit une légère évaporation : c’est la « part des anges ». On estime qu’entre 2 % et 3 % du volume total s’évapore chaque année. Sur plusieurs décennies, la quantité perdue peut devenir très importante, expliquant la rareté et le coût élevé des vieux Armagnacs.

C’est pourtant cette évaporation qui permet une oxygénation lente et subtile de l’Armagnac, adoucissant les tanins et faisant évoluer la palette aromatique. Avec le temps, l’eau-de-vie finit par atteindre un équilibre harmonieux entre alcool, arômes boisés et notes fruitées ou épicées.

Quelle est la différence entre le Cognac et l’Armagnac ?

Si vous vous êtes déjà posé la question de la différence entre le Cognac et l’Armagnac, sachez qu’ils partagent la même grande famille des eaux-de-vie de vin mais se distinguent en plusieurs points.

Zones géographiques et terroirs

Le Cognac est produit dans la région du même nom, au nord de la ville de Bordeaux et plus proche de l’Atlantique. L’Armagnac, quant à lui, est produit en Gascogne, dans le Sud-Ouest.

  • Climat : Le Cognac bénéficie d’un climat océanique et tempéré, l’Armagnac d’un climat plus chaud et sec, avec des influences maritimes et continentales.
  • Sols : En Cognac, on retrouve un socle calcaire dominant, tandis qu’en Armagnac, les sols sont plus variés : sables fauves, argiles, calcaires, etc.

Cépages et vinifications

Le Cognac autorise plusieurs cépages (Ugni Blanc, Colombard, Folle Blanche, etc.), mais l’Ugni Blanc y est ultra-dominant (environ 98 %). En Armagnac, la diversité est plus grande, avec l’utilisation historique du Baco et d’autres cépages parfois peu connus.

Méthodes de distillation

Le Cognac est traditionnellement produit par double distillation en alambic charentais. L’Armagnac est en général obtenu par une distillation continue dans un alambic armagnacais, permettant de conserver un plus large spectre aromatique.

Résultat : le Cognac offre souvent une eau-de-vie plus « pure » et plus nette, tandis que l’Armagnac se démarque par un profil plus fruité, plus « rustique » ou « terroir », selon les amateurs.

Profil aromatique et style

  • Cognac : Souvent décrit comme élégant, rond, avec des notes de fruits secs et de vanille dues au vieillissement en fûts de chêne limousin ou tronçais.
  • Armagnac : Affiche un caractère plus expansif : prune, abricot sec, caramel, épices, parfois avec une pointe de rancio sur les vieux millésimes. Le style est plus confidentiel, moins internationalisé.

En résumé, choisir entre Cognac et Armagnac est souvent une affaire de goût personnel. Les amateurs de spiritueux plus artisanaux et généreux se tournent volontiers vers l’Armagnac, tandis que ceux appréciant la finesse et la reconnaissance internationale privilégient le Cognac.

distillation de l'armagnac

Que veut dire « Armagnac hors d’âge » ?

Les mentions de vieillissement en Armagnac sont encadrées par la législation. Parmi les termes les plus courants : VS, VSOP, XO, Napoléon, Millésimé… Et bien sûr « Hors d’âge ».

Comprendre les mentions d’âge en Armagnac

  1. VS (Very Special) : Les eaux-de-vie les plus jeunes, avec un vieillissement minimum de 1 ou 2 ans en fût (selon la réglementation).
  2. VSOP (Very Superior Old Pale) : Vieillissement minimum de 4 ans.
  3. Napoléon : La législation française classe Napoléon avec un vieillissement équivalent à VSOP (au moins 4 ans en fût). Dans les faits, certains producteurs l’élèvent davantage.
  4. XO (Extra Old) : Vieillissement minimum de 10 ans.
  5. Hors d’âge : Il s’agit d’un terme spécifique signifiant que l’Armagnac le plus jeune dans l’assemblage a vieilli au moins 10 ans. Mais bien souvent, dans la pratique, les Armagnacs hors d’âge contiennent des eaux-de-vie de 15, 20, voire 30 ans et plus.

Les caractéristiques organoleptiques d’un Armagnac hors d’âge

Un Armagnac hors d’âge offre généralement une complexité aromatique largement supérieure à celle d’un VS ou VSOP. Au fil des années passées en fûts, l’eau-de-vie :

  • S’enrichit de notes de fruits confits (pruneau, abricot sec, figue…), d’épices douces (cannelle, muscade, poivre), de caramel, de cacao, parfois de tabac et de cuir.
  • Présente souvent des arômes de rancio, ce fameux bouquet plus sec et oxydatif développé après un long vieillissement.
  • Gagne en longueur en bouche, avec une finale persistante et souvent un sentiment de grande douceur.

Quand et comment déguster un Armagnac hors d’âge ?

L’Armagnac hors d’âge est un véritable produit de dégustation, à savourer lentement. On conseille généralement :

  • Le verre : Utilisez un verre tulipe ou un verre à cognac légèrement resserré vers le haut, afin de concentrer les arômes.
  • La température de service : Idéalement, servez-le à température ambiante (autour de 18 à 20 °C).
  • Le moment : Après un repas, en digestif, pour profiter pleinement de sa complexité aromatique. Certains amateurs l’apprécient également en association avec un cigare ou un chocolat de grande qualité.
Verre d'armagnac pour dégustation

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Quel est le meilleur Armagnac ?

Comme pour tous les spiritueux, la notion de « meilleur » est subjective et dépend des goûts de chacun. Toutefois, plusieurs critères peuvent vous aider à choisir un Armagnac de grande qualité.

L’importance du millésime en Armagnac

L’Armagnac est l’une des rares eaux-de-vie à proposer des millésimes. Un millésime indique que l’eau-de-vie est issue des vendanges d’une seule et même année, et qu’elle a vieilli en fûts depuis cette récolte jusqu’à la mise en bouteille.

  • Pourquoi est-ce intéressant ? Chaque millésime reflète les caractéristiques climatiques de l’année de récolte. Un Armagnac de 1973 ou de 1989, par exemple, racontera une histoire unique, marquée par l’évolution en fût sur plusieurs décennies.
  • Le rôle du producteur : Il est primordial, car le soin apporté à la distillation, au choix des fûts et au suivi du vieillissement fait la différence.

Critères de choix : terroir, savoir-faire, réputation

  1. Le terroir : Préférez-vous le fruité et la finesse du Bas-Armagnac, la puissance de l’Armagnac-Ténarèze ou l’originalité du Haut-Armagnac ?
  2. Le style du producteur : Certains domaines optent pour des élevages prolongés en fûts neufs, d’autres pour un bois déjà marqué par un précédent usage, influant sur le profil final.
  3. Le savoir-faire traditionnel : Les domaines familiaux perpétuent souvent les méthodes ancestrales, avec une distillation unique en alambic armagnacais et un usage raisonné du bois.
  4. La réputation et la régularité : De nombreuses maisons (Delord, Château de Laubade, Dartigalongue, Tariquet, Laberdolive, etc.) jouissent d’une solide réputation pour la qualité constante de leurs embouteillages.

Quelques maisons réputées d’Armagnac

  • Château de Laubade : Situé en Bas-Armagnac, ce domaine familial produit des armagnacs raffinés et reconnus.
  • Dartigalongue : Plus ancienne maison d’Armagnac (fondée en 1838), elle est réputée pour la finesse de ses eaux-de-vie.
  • Delord : Maison traditionnelle implantée à Lannepax, réputée pour l’attention portée à chaque étape de la production.
  • Tariquet : D’abord connu pour ses vins blancs de Gascogne, ce domaine propose aussi des armagnacs de caractère.

Chacune de ces maisons a son propre style, reflétant le terroir et la vision du maître de chai. Pour choisir « le meilleur » Armagnac, la dégustation reste l’ultime juge.

Conseils pour bien acheter votre Armagnac

  1. Goûter avant d’acheter : Si possible, rendez-vous dans une cave spécialisée ou chez le producteur pour déguster.
  2. Vérifier l’étiquetage : Repérez bien les mentions d’âge (VS, VSOP, XO, Hors d’âge, Millésime, etc.).
  3. Tenir compte du prix : Les vieux Armagnacs peuvent être onéreux, car ils sont rares et l’élevage au chai nécessite du temps et des moyens.
  4. S’informer sur la maison de production : Lisez des avis, des guides, ou discutez avec un caviste qui saura vous orienter selon vos goûts (fruité, boisé, épicé, etc.).
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Conclusion

L’Armagnac, souvent orthographié à tort « art maniaque », est l’une des eaux-de-vie les plus anciennes et les plus authentiques de France. Son élaboration repose sur des étapes clés : la sélection de cépages tels que l’Ugni Blanc, le Baco ou la Folle Blanche ; la production d’un vin blanc sec et acide ; la distillation dans l’alambic armagnacais ; puis le long vieillissement en fûts de chêne.

Comparé au Cognac, l’Armagnac se différencie par son terroir, son mode de distillation (souvent en une seule passe), et son profil aromatique plus expressif. Les mentions d’âge, notamment « Hors d’âge », indiquent un vieillissement prolongé, garantissant une complexité et une richesse aromatique remarquables.

Quant à savoir quel est « le meilleur » Armagnac, tout dépend de vos préférences : un assemblage maison ou un millésime spécifique, un style fin et élégant ou un profil plus rustique et puissant. Ce qui fait la beauté de l’Armagnac, c’est justement son infinie diversité. Les terroirs variés, l’expertise des maîtres de chai et la tradition solidement ancrée dans la région de Gascogne permettent à cette eau-de-vie de se réinventer sans cesse, tout en restant profondément enracinée dans son histoire.

En somme, si vous recherchez une eau-de-vie authentique, riche en caractère et en histoire, l’Armagnac est un choix de premier ordre. Son élaboration minutieuse, ses origines médiévales et son terroir gascon confèrent à ce spiritueux un statut à part dans le monde de la dégustation. Prenez le temps de parcourir les différentes maisons, de découvrir les nuances de chaque millésime et de savourer le fruit de ce savoir-faire ancestral : vous verrez vite pourquoi, depuis des siècles, l’Armagnac suscite autant de passion.



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