TOP des Meilleurs Whisky : Tour d’horizon des différents types de whisky et de leurs icônes

TOP des Meilleurs Whisky : Tour d’horizon des différents types de whisky et de leurs icônes

Jun 06, 2025Leo Brun

Le whisky est un univers riche et varié, avec des styles et origines très divers. Que vous soyez amateur curieux ou connaisseur averti, ce guide vous propose un voyage à travers les grands types de whisky. Pour chaque catégorie (bourbon, tourbé, scotch/écossais, rye, japonais, irlandais, single malt et canadien), nous mettons en lumière trois whiskies emblématiques ou primés. Vous découvrirez leur histoire, comment ils sont distillés, leur vieillissement, la meilleure façon de les déguster et des anecdotes savoureuses. Plongez dans cet article expert au ton fluide et humain, pour tout savoir sur les whiskys du monde entier.

Sommaire

Whisky Bourbon

Whisky tourbé (fumé)

Whisky écossais (Scotch)

Whisky de seigle (Rye whiskey)

Whisky japonais

Whisky irlandais

Whisky single malt

Whisky canadien

Whisky Bourbon

Le bourbon est le whisky emblématique des États-Unis, né dans le Kentucky. Pour mériter l’appellation, il doit contenir au moins 51% de maïs et vieillir en fûts de chêne neufs brûlés. Ce vieillissement en fûts carbonisés confère au bourbon ses notes sucrées de vanille et de caramel. Son nom viendrait du comté de Bourbon ou de la rue Bourbon à La Nouvelle-Orléans, selon les légendes. Historiquement, le bourbon est associé à des pionniers comme Elijah Craig, un prédicateur qui aurait utilisé des fûts brûlés pour la première fois. Aujourd’hui, ce style de whisky américain séduit par son caractère doux et boisé, idéal en dégustation pure ou en cocktail.

Maker’s Mark

Bourbon artisanal par excellence, Maker’s Mark est produit dans une petite distillerie du Kentucky fondée en 1953 à Loretto. Son histoire est celle de la famille Samuels, qui a vendu une première distillerie puis imaginé une recette innovante pour un bourbon plus doux. Loin de la tradition, Bill Samuels Sr. a supprimé le seigle de la recette et utilisé du blé rouge d’hiver, une céréale rarement employée en bourbon. Pour choisir la formule idéale, la famille a même cuit des miches de pain avec diverses proportions de grains – une anecdote célèbre – afin d’identifier le meilleur assemblage sans attendre des années de vieillissement.

Distillé en small batch (petits lots) dans des alambics à colonne puis pot still, Maker’s Mark vieillit jusqu’à ce que les maîtres distillateurs le jugent prêt, sans durée fixe, mais toujours plus de deux ans en fûts de chêne neuf. La distillerie a conservé la pratique traditionnelle de faire migrer les fûts du haut vers le bas du chais après trois étés, pour un vieillissement homogène. Embouteillé dans sa bouteille carrée au goulot trempé manuellement dans la cire rouge, il affiche 45% d’alcool. En dégustation, ce bourbon moelleux se savoure pur ou en cocktail classique (Old Fashioned, Mint Julep) grâce à sa douceur apportée par le blé. L’histoire retient surtout son innovation de recette et le cachet unique de sa cire rouge, signature visuelle imitée mais jamais égalée.

marker marks bourbon

Blanton’s Single Barrel

Blanton’s est un bourbon de légende, le tout premier single barrel commercialisé au monde en 1984. Son créateur, Elmer T. Lee, maître distillateur à la distillerie Buffalo Trace, l’a conçu en l’honneur du colonel Albert Blanton, qui avait pour habitude de sélectionner ses meilleurs fûts pour des dégustations privées dans les années 1940. Chaque bouteille de Blanton’s provient donc d’un seul fût trié sur le volet, ce qui était révolutionnaire à l’époque et a initié la tendance des bourbons haut de gamme embouteillés fût par fût.

Distillé et vieilli à Frankfort (Kentucky) dans le fameux chai H en tôle ondulée de Buffalo Trace, Blanton’s mûrit environ 6 à 8 ans dans des conditions extrêmes: ce chai métallique subit de fortes amplitudes thermiques qui intensifient l’extraction des arômes du bois. Mis en bouteille à 46,5%, ce bourbon présente un profil riche en épices (grâce à une bonne proportion de seigle dans la recette) mêlé de miel et d’écorces d’orange. Il se déguste de préférence pur ou avec une goutte d’eau pour exalter sa complexité. Son anecdote la plus amusante reste ses bouchons ornés d’un cheval de course – huit designs différents existent, chacun portant une lettre, qui rassemblées forment le nom BLANTON’S. Les collectionneurs s’amusent à réunir la série complète de ces bouchons, clin d’œil au patrimoine équestre du Kentucky.

Blanton’s Single Barrel

Pappy Van Winkle’s Family Reserve 20 ans

Pappy Van Winkle est le bourbon mythique qui fait rêver les collectionneurs. Élaboré d’après la philosophie de Julian “Pappy” Van Winkle Sr., distillateur depuis la fin du XIXe siècle, ce whiskey cultive la rareté et l’excellence. Le Family Reserve 20 ans a été lancé dans les années 1990 par son petit-fils Julian III en hommage à Pappy. Vieillir un bourbon 20 ans était alors inédit – la plupart des bourbons sont embouteillés bien plus jeunes – et cette cuvée exceptionnelle a d’ailleurs obtenu la note la plus haute jamais décernée à un bourbon au Chicago Beverage Testing Institute en 1996, consacrant sa qualité hors norme.

Distillé au Kentucky à partir d’une recette “wheated” (maïs et blé, sans seigle, comme Maker’s Mark) et vieilli deux décennies en fûts de chêne américain neufs, le Pappy 20 ans présente des saveurs profondes de chêne, de vanille, de fruits secs et d’épices douces. Embouteillé à 45,2%, il est généralement dégusté pur, tant son profil est complexe et abouti – on dit qu’y ajouter du soda relèverait du sacrilège! L’anecdote notable autour de ce bourbon est sa rareté légendaire: chaque année, les quelques bouteilles mises en vente s’arrachent instantanément, au point qu’un marché noir florissant s’est développé. En 2013, une affaire de vol de bouteilles de Pappy Van Winkle par un employé de distillerie a même défrayé la chronique, témoignant de la “Pappy mania”. Plus qu’un whiskey, Pappy est un phénomène de passionnés, symbole ultime du bourbon haut de gamme.

Pappy Van Winkle’s Family Reserve 20 ans

Whisky tourbé (fumé)

Les whiskies tourbés tirent leur caractère fumé de l’utilisation de tourbe lors du maltage de l’orge. En Écosse, notamment sur l’île d’Islay, on fait sécher l’orge germée au feu de tourbe, imprégnant le grain de composés phénoliques qui donneront des arômes fumés, terreux, médicinaux. Le whisky tourbé est souvent intense et typé : il évoque la fumée de cheminée, les embruns marins, parfois l’iode et le goudron. Ce style peut dérouter les néophytes par sa puissance, mais il compte des adeptes fervents. Voici trois références emblématiques du whisky tourbé, majoritairement écossais, qui illustrent l’éventail de ce profil fumé.

Laphroaig 10 ans

Laphroaig, distillerie fondée en 1815 sur l’île d’Islay, est un monument du whisky tourbé. Son 10 ans d’âge, embouteillé à 40%, est réputé pour son profil très iodé et médicinal, marqué par une fumée de tourbe intense aux accents d’algues et de phénol. L’histoire de Laphroaig est jalonnée d’anecdotes: au début du XXe siècle, la distillerie a appartenu à Ian Hunter, dernier membre de la famille fondatrice, qui a voyagé promouvoir ce single malt unique. Pendant la Prohibition aux États-Unis (années 1920), Laphroaig a pu continuer d’être importé car son goût était jugé trop médicinal pour être bu par plaisir – il était vendu en pharmacie pour ses prétendues vertus thérapeutiques !

Distillé dans de petits alambics et partiellement malté sur place, Laphroaig utilise une tourbe locale très riche en algues qui confère ce fameux goût d’antiseptique (phénolé). Après distillation, le whisky vieillit 10 ans principalement en ex-fûts de bourbon américains, dont beaucoup ont contenu du Maker’s Mark – un partenariat de longue date. Le résultat est un whisky huileux, fumé, aux notes de camphre, de sel et de bois brûlé. Les amateurs le dégustent pur ou avec une larme d’eau pour libérer ses arômes, mais rarement avec des glaçons qui figeraient son expression aromatique. Fait notable, le Prince Charles en personne a décerné à Laphroaig un Royal Warrant en 1994, étant un admirateur de ce single malt de caractère. Une reconnaissance royale pour ce whisky hors du commun.

Laphroaig 10 ans Cask Strength

Ardbeg Uigeadail

Ardbeg est une autre distillerie mythique d’Islay, réputée pour produire parmi les malts les plus tourbés au monde. Après avoir frôlé la fermeture définitive dans les années 1980-90, Ardbeg a été relancée en 1997 et a depuis conquis une véritable communauté de fans appelée le « Committee Ardbeg ». Le whisky Ardbeg Uigeadail (du nom du loch qui alimente la distillerie en eau) est une expression non âgée née en 2003, assemblant des fûts de bourbon et de sherry. Il titre à 54,2% et a été élu « Scotch Whisky de l’année » par Jim Murray en 2009, preuve de son excellence.

Uigeadail offre un équilibre magistral entre la tourbe fumée (plus de 50 ppm de phénols) et la rondeur apportée par le fût de sherry. Au nez, on retrouve le lard fumé, le café et le goudron; en bouche, une bouffée de fumée intense accompagnée de raisins secs, de chocolat noir et d’épices. Ardbeg distille dans de grands alambics avec un « purifier » (conduit de reflux) qui adoucit quelque peu le distillat malgré la tourbe massive, produisant un spiritueux étonnamment fruité sous la fumée. À la dégustation, Uigeadail est souvent savouré pur, mais quelques gouttes d’eau peuvent aider à dompter sa haute teneur en alcool et révéler des notes sucrées. Anecdote insolite: Ardbeg a envoyé en 2011 des molécules de whisky vieillir dans l’espace, sur la Station Spatiale Internationale, pour étudier l’impact de la microgravité sur les terpènes. Une preuve que cette distillerie n’a pas peur d’innover, au-delà de la tradition séculaire de la tourbe.

Ardbeg Uigeadail

Lagavulin 16 ans

Lagavulin, voisine de Laphroaig sur Islay, est célèbre pour son single malt de 16 ans, considéré par beaucoup comme la référence absolue en matière de whisky tourbé équilibré. Fondée en 1816, la distillerie a une histoire marquée par une rivalité légendaire avec Laphroaig: à une époque, le propriétaire de Lagavulin aurait tenté de copier le style de Laphroaig en engageant un ancien employé de chez son concurrent, allant même jusqu’à ériger une distillerie (Malt Mill) pour y parvenir. Cette anecdote témoigne de la forte personnalité de Lagavulin et de son désir de produire le meilleur whisky d’Islay.

Le Lagavulin 16 ans est distillé lentement, puis vieilli en fûts de chêne pendant au moins seize ans, principalement d’ex-bourbon avec une part de fûts ayant contenu du sherry. Cela lui confère une robe ambrée foncée et une palette aromatique riche. Au nez, la fumée de tourbe est bien présente mais se mêle à des notes de fruits secs, de vanille et d’embruns salés. En bouche, l’attaque est douce, puis la puissance tourbée s’installe progressivement, soutenue par des saveurs de caramel, de thé noir et de chêne épicé. Ce single malt onctueux se déguste idéalement pur, éventuellement accompagné d’un verre d’eau à côté pour rafraîchir le palais entre deux gorgées. Lagavulin a acquis une popularité inattendue auprès du grand public grâce à la série télé “Parks and Recreation”, dans laquelle le personnage Ron Swanson (interprété par Nick Offerman) voue un culte à ce whisky. La distillerie a d’ailleurs sorti une édition limitée “Offerman Edition” en collaboration avec l’acteur. Un bel exemple de la rencontre entre culture populaire et tradition séculaire d’Islay.

Whisky écossais (Scotch)

Le Scotch, ou whisky écossais, est sans doute le whisky le plus connu au monde. Produit en Écosse à partir d’orge maltée (pour les single malts) ou d’un mélange de céréales (pour les blends), il répond à des règles strictes: un whisky écossais doit vieillir au minimum trois ans en fûts de chêne sur le sol écossais. La diversité des scotchs est immense, entre les single malts aux caractères régionaux (douceur fruitée du Speyside, puissance tourbée d’Islay, notes florales des Highlands…) et les blends élégants qui assemblent grains et malts. Nous vous présentons ici trois whiskies écossais emblématiques, deux single malts incontournables et un blend de légende, qui illustrent le savoir-faire écossais séculaire.

Johnnie Walker Blue Label

Johnnie Walker est la marque de blended scotch la plus vendue sur la planète, et le Blue Label en est la cuvée prestige. L’histoire de Johnnie Walker débute en 1820, quand John Walker, épicier à Kilmarnock, se lance dans la vente de whisky. Ce sont toutefois son fils Alexander Walker puis ses petits-fils qui feront de la marque une référence mondiale, notamment en créant dès 1865 des blends maison (le Walker’s Old Highland) et en adoptant dès 1870 la célèbre bouteille carrée à étiquette diagonale. Le logo du « Striding Man » (l’homme qui marche), dessiné en 1908 par l’illustrateur Tom Browne, et les codes de couleur (Red Label, Black Label, etc.) ont achevé de forger l’identité de Johnnie Walker.

Le Blue Label, lancé plus tard en 1992, vise à recréer le style des vieux blends du XIXe siècle. Il s’agit d’un assemblage sans indication d’âge, intégrant de très anciens malts et grains de distilleries prestigieuses (certaines aujourd’hui fermées), sélectionnés pour leur profondeur aromatique et leur rareté. On y trouve notamment du malt de Royal Lochnagar, et d’autres secrets bien gardés. D’une grande onctuosité, Johnnie Blue marie des notes de sherry, de miel, de fumée subtile et de chocolat noir. Il est présenté dans une carafe bleutée élégante, symbole de luxe. Ce whisky se déguste pur dans un verre tulipe pour en apprécier toutes les nuances, éventuellement accompagné d’un verre d’eau fraîche en alternance. Anecdote de circonstance: chaque bouteille de Blue Label est numérotée individuellement et l’art de l’assemblage est tel que seulement un fût sur des milliers serait jugé digne d’entrer dans sa composition – une rareté qui justifie son prix élevé. Johnnie Walker Blue Label incarne le summum de l’art du blend écossais, héritier d’un savoir-faire familial vieux de deux siècles.

Johnnie Walker Blue Label

Glenfiddich 12 ans

Glenfiddich 12 ans est le single malt qui a popularisé le whisky pur malt dans le monde entier. La distillerie Glenfiddich, fondée en 1887 à Dufftown par William Grant, est restée familiale et indépendante, ce qui lui a permis d’innover en marketing. En 1963, Glenfiddich fut la première à commercialiser massivement son single malt hors d’Écosse sous sa propre marque, brisant la tradition qui réservait jusque-là les single malts aux assemblages. Ce pari audacieux a ouvert la voie à la renommée mondiale des single malts.

Le 12 ans, expression d’entrée de gamme de Glenfiddich, est un Speyside léger et fruité, vieilli 12 années en fûts de bourbon et de xérès. Son nom signifie “vallée du cerf” en gaélique, d’où le symbole du cerf sur la bouteille. Distillé dans des alambics en forme de poire (parmi les plus petits du Speyside) qui favorisent la richesse aromatique, ce whisky offre des notes de poire, de miel, de malt et une pointe d’épices boisées. On le déguste pur, frais, ou sur glace selon les goûts, c’est un malt accessible et équilibré, idéal pour s’initier. Glenfiddich est aussi connu pour sa bouteille triangulaire, dessinée par Hans Schleger en 1957, qui assure une bonne prise en main et se distingue visuellement – un détail de design devenu iconique. Enfin, Glenfiddich figure régulièrement parmi les single malts les plus vendus, souvent numéro un mondial des ventes de single malts, signe de son succès planétaire. Un incontournable pour tout amateur.

Glenfiddich 12 ans

The Macallan 18 ans (Sherry Oak)

The Macallan est synonyme de prestige et d’excellence parmi les single malts écossais. Fondée en 1824 dans la région d’Écosse du Speyside, la distillerie a bâti sa réputation sur l’usage intensif de fûts de sherry en chêne espagnol de premier remplissage. Le Macallan 18 ans Sherry Oak est l’expression phare illustrant ce style opulent. Après une distillation dans de petits alambics en cuivre (parmi les plus petits de Speyside, ce qui augmente le contact avec le cuivre et enrichit les arômes), le whisky est vieilli 18 ans dans des fûts ayant contenu du xérès Oloroso. Il en résulte une robe d’acajou profond et un profil aromatique somptueux: orange confite, épices de Noël, fruits secs, chocolat et une touche boisée raffinée.

Ce single malt titré à 43% se savoure pur, de préférence après un bon repas, comme un digestif de luxe. Son moelleux et sa complexité invitent à la méditation à chaque gorgée. Macallan est très recherché des collectionneurs, et certaines éditions limitées ou anciennes atteignent des prix astronomiques. Anecdote célèbre: une bouteille de Macallan 1926 Fine & Rare, mise en bouteille après 60 ans de fût, a été adjugée plus de 2 millions d’euros lors d’une vente aux enchères en 2023, établissant un record mondial pour un whisky. Ce « Saint Graal du whisky » témoigne de l’aura exceptionnelle de Macallan sur la scène du luxe. Le Macallan 18 Sherry Oak, sans atteindre de tels sommets de rareté, incarne à lui seul ce raffinement et ce savoir-faire historique, appréciés des dégustateurs exigeants du monde entier.

The Macallan 18 ans (Sherry Oak)

Whisky de seigle (Rye whiskey)

Le whisky de seigle, ou rye whiskey, est un style à part entière né en Amérique du Nord. Historiquement, le rye était produit sur la côte Est des États-Unis (Pennsylvanie, Maryland) dès le XVIIIe siècle, le seigle étant la céréale dominante dans ces régions. Un whiskey est considéré comme “rye” aux États-Unis s’il comporte au moins 51% de seigle dans son moût. Les ryes offrent généralement un caractère épicé, vif et sec, très apprécié dans les cocktails classiques comme le Manhattan ou le Sazerac. Tombé en désuétude après la Prohibition, le rye connaît un renouveau depuis les années 2000, porté par la mode des cocktails vintage et la curiosité des amateurs. Voici trois ryes emblématiques, mêlant patrimoine historique et succès contemporains.

Sazerac Rye

Sazerac Rye porte le nom d’un cocktail légendaire de La Nouvelle-Orléans. À l’origine, dans les années 1830-1850, le cocktail Sazerac se faisait avec du cognac Sazerac de Forge, mais l’introduction du whisky de seigle dans la recette a fini par lui donner son identité actuelle. La Sazerac Company, qui possédait le Sazerac Coffee House où le cocktail a été popularisé, s’est mise à produire son propre rye whiskey. Aujourd’hui, le Sazerac Rye est distillé au Kentucky, à la célèbre distillerie Buffalo Trace. Il s’agit d’un straight rye typique d’environ 6 ans d’âge (il existe une version 18 ans très prisée), élaboré principalement à base de seigle (51% minimum, probablement plus aux alentours de 70%).

Ce rye affiche 45% d’alcool et présente un profil aromatique épicé et doux à la fois: notes de vanille, de muscade, de poivre, de clou de girofle et une pointe d’écorce d’orangea. En bouche, le grain de seigle apporte une belle vivacité et une chaleur épicée, équilibrée par la rondeur du fût de chêne américain. Le Sazerac Rye se déguste volontiers dans son cocktail éponyme – mélangé avec un sucre imbibé de bitters Peychaud et un rinçage d’absinthe – pour recréer l’ambiance du vieux carré français de Nouvelle-Orléans. Il peut bien sûr aussi se savourer pur ou sur glace. Anecdote: en 2008, la Louisiane a proclamé le Sazerac Cocktail « boisson officielle de la Nouvelle-Orléans », un honneur symbolique qui consacre l’importance culturelle de ce rye whiskey dans la ville créole. Sazerac Rye incarne à merveille le lien entre un spiritueux et l’histoire d’un lieu.

Sazerac Rye

Rittenhouse Rye 100 Proof

Rittenhouse Rye est un straight rye whiskey américain au pedigree ancien, qui a gagné ses galons auprès des barmen et experts. Son nom rend hommage à Rittenhouse Square, un quartier historique de Philadelphie, rappelant l’héritage des ryes de Pennsylvanie. Produit aujourd’hui par la distillerie Heaven Hill (dans le Kentucky), Rittenhouse est élaboré à 100% de seigle (dont une part maltée) et distillé en alambic à colonne puis à repasse, avant d’être vieilli plus de 4 ans en fûts neufs. La version phare est embouteillée en Bottled-in-Bond à 50% (100 proof), gage de qualité et de respect d’un processus sous contrôle d’État.

Au nez, Rittenhouse offre des arômes de caramel brûlé, de vanille, de menthe et d’épices. La bouche est puissante, sur le seigle poivré, avec des notes de chêne, de cannelle et d’orange confite en finale. C’est un rye corsé qui ressort bien en cocktail (il est adoré pour les Manhattan robustes) mais que l’on peut aussi apprécier pur pour sa franchise aromatique. Rittenhouse a contribué à relancer l’intérêt pour le rye en remportant en 2006 le titre de “Whisky nord-américain de l’année” au San Francisco World Spirits Competition, une reconnaissance majeure à l’époque. Cette récompense, couplée à un prix très abordable, en a fait un chouchou des mixologues. Une anecdote intéressante: Rittenhouse a failli disparaître dans les années 1990 lorsque la société qui le produisait a fermé, mais Heaven Hill a sauvé la marque. Depuis, sa renaissance illustre la résilience du style rye, revenu d’entre les morts pour briller à nouveau dans les bars du monde entier.

Rittenhouse Rye 100 Proof

WhistlePig 10 ans Straight Rye

WhistlePig est un acteur plus récent, mais qui s’est imposé comme une référence du rye haut de gamme. Fondée en 2007 dans le Vermont (USA) par Raj Bhakta avec l’aide du maître distillateur Dave Pickerell (ex-Maker’s Mark), la ferme-distillerie WhistlePig a eu l’idée astucieuse de racheter de vieux stocks de seigle canadien de très grande qualité pour lancer son produit. Le WhistlePig 10 ans, embouteillé à 50% d’alc., provient ainsi initialement d’un rye 100% seigle distillé et vieilli au Canada pendant au moins dix ans, puis affiné et embouteillé dans le Vermont. Ce single barrel rye a aussitôt remporté un franc succès, alliant le savoir-faire canadien en matière de seigle et la touche artisanale américaine.

Il présente un nez complexe de toffee, de céréales toastées, de musc et de chêne épicé. En bouche, c’est riche et audacieux: seigle poivré, caramel, anis, zeste de citron et une longue finale sur le bois et la vanille. Excellent pur grâce à sa profondeur, le WhistlePig 10 peut aussi twister un Old Fashioned d’exception. WhistlePig s’est illustré par ses embouteillages spéciaux nommés “Boss Hog”, éditions annuelles très limitées et innovantes (finition en fûts de porto, de calvados, etc.), dont l’une a décroché la récompense ultime. En effet, le Boss Hog IV “The Black Prince” (15 ans affiné en fût d’Armagnac) a été élu meilleur whisky toutes catégories confondues au San Francisco World Spirits Competition 2017 – une véritable consécration pour un rye. Le nom WhistlePig signifie littéralement “cochon siffleur”, surnom de la marmotte, animal emblématique aperçu sur la ferme de la distillerie. Un nom champêtre pour un whiskey ultra-premium qui a su gagner le cœur des experts.

WhistlePig 10 ans Straight Rye

Whisky japonais

Le japonais s’est fait une place de choix dans le monde du whisky en un temps record. Inspirés par la tradition écossaise mais empreints de perfectionnisme nippon, les premiers whiskies japonais datent des années 1920 sous l’impulsion de deux pionniers: Masataka Taketsuru (père fondateur de Nikka) et Shinjiro Torii (fondateur de Suntory). Longtemps méconnus hors du Japon, les whiskies nippons ont explosé sur la scène internationale dans les années 2000 en remportant de prestigieux concours, au point de détrôner les écossais dans certaines catégories. Souvent élégants, équilibrés et maîtrisant l’art de l’assemblage, ils sont aujourd’hui très recherchés. Découvrons trois whiskies japonais remarquables, issus des deux grandes maisons Suntory et Nikka, symboles de cette success story.

Yamazaki 12 ans

Yamazaki est la première distillerie de whisky du Japon, créée en 1923 près de Kyoto par Shinjiro Torii. C’est là qu’est né le tout premier single malt japonais. Le Yamazaki 12 ans, lancé dans les années 1980, a contribué à établir la réputation de Suntory dans le haut de gamme. Son histoire est intimement liée à Masataka Taketsuru, embauché par Torii pour diriger la distillation – Taketsuru avait fait son apprentissage en Écosse et a apporté ce savoir-faire au Japon. Yamazaki est implanté à la confluence de rivières dans un environnement humide, propice au vieillissement en fûts.

Triple distillé dans des alambics de différentes formes pour obtenir une palette d’eaux-de-vie variées, le whisky Yamazaki 12 ans est vieilli en partie en fûts de chêne américain ex-bourbon, en fûts de sherry européens, et une petite proportion en fûts de chêne japonais (mizunara) qui apportent des notes d’encens typiques. Ce single malt doré présente un nez floral et fruité (pêche, ananas, fleurs blanches), une bouche douce sur le miel, les agrumes et le bois de santal, avec une finale subtilement épicée. D’une grande délicatesse, il se déguste pur ou avec un trait d’eau fraîche. Au Japon, on l’apprécie également en highball (mélangé à de l’eau gazeuse et de la glace) pour accompagner le repas. Yamazaki a remporté de nombreuses médailles d’or dans les concours internationaux, préparant le terrain au sacre retentissant de son édition limitée “Sherry Cask 2013” élue meilleur whisky du monde en 2015 par Jim Murray. Ce triomphe a fait bondir l’intérêt pour les whiskies japonais. Le 12 ans reste, lui, un pilier accessible de cette gamme, illustrant l’équilibre entre tradition écossaise et sensibilité japonaise.

Yamazaki 12 ans

Nikka Yoichi Single Malt

La distillerie Yoichi, fondée en 1934 sur l’île septentrionale d’Hokkaidō, est l’œuvre de Masataka Taketsuru, considéré comme le père du whisky japonais. Après avoir contribué au lancement de Yamazaki, Taketsuru a créé sa propre société (Nikka) et implanté Yoichi dans un climat froid et côtier rappelant l’Écosse, gage de bon whisky selon lui. Yoichi a la particularité d’utiliser toujours la distillation à feu direct de charbon (comme autrefois en Écosse), ce qui confère au spiritueux du corps et des notes fumées délicates.

Le single malt Yoichi (sans âge spécifique depuis quelques années à cause de la pénurie de vieux stocks) est réputé pour son caractère à la fois fruité, malté et subtilement tourbé. On y décèle au nez des arômes de tourbe légère, de fruits jaunes et de noix, tandis qu’en bouche une fine salinité maritime se mêle aux fruits secs, au caramel et à une fumée discrète. La finale est épicée et chaleureuse. Yoichi produit certains malts tourbés rappelant les Islay, tout en conservant une élégance nipponne. La distillerie a été couronnée de gloire lorsque son Yoichi 20 ans a remporté le titre de “Meilleur single malt du monde” aux World Whiskies Awards 2008 – un choc pour les Écossais qui a définitivement établi Nikka sur la carte mondiale du whisky. Le Yoichi standard se déguste volontiers pur, ou avec un peu d’eau pour libérer ses arômes. Il incarne la synthèse réussie entre la robustesse d’un single malt des Highlands et la précision japonaise dans la fabrication. Un incontournable pour comprendre l’essor des whiskies japonais.

Nikka Yoichi Single Malt

Hibiki 21 ans

Hibiki est le blend de luxe de Suntory, célébré pour son harmonie (« hibiki » signifie résonance/harmonie en japonais). Lancé en 1989, Hibiki assemble les single malts des distilleries Yamazaki et Hakushu avec les whiskies de grain de la distillerie Chita, le tout vieilli longuement dans divers fûts (chêne américain, sherry, et même des fûts de mizunara pour une touche japonaise). Le Hibiki 21 ans est l’expression la plus récompensée de la gamme: il a été sacré à de multiples reprises “Meilleur blended whisky du monde”, notamment aux World Whiskies Awards de 2010, 2011, 2013 et 2016 – un palmarès incroyable.

Présenté dans une élégante carafe à 24 facettes (représentant les 24 saisons du calendrier traditionnel japonais), Hibiki 21 ans titre 43%. Son profil aromatique est d’une grande complexité et finesse: un nez floral avec du jasmin, des fruits exotiques et une touche de chêne; une bouche soyeuse qui dévoile des notes de prune confite, de miel, d’écorce d’orange, avec une pointe de fumée lointaine; et une finale persistante sur le cacao et le santal. C’est un whisky à savourer pur, patiemment, tant il évolue dans le verre. Un petit cube de glace peut éventuellement le transformer en “on-the-rocks” raffiné, comme les Japonais aiment le faire dans les bars à whisky de Tokyo. Hibiki 21 ans a aussi brillé sur la scène internationale grâce au film « Lost in Translation » (2003), où l’on voit Bill Murray vanter un Hibiki 17 ans dans une publicité fictive – « Suntory time! ». Ce clin d’œil culturel a contribué à la notoriété de la marque. Aujourd’hui, Hibiki 21 est extrêmement recherché et rare, au point que son prix a explosé. Il reste le symbole du blend japonais parfaitement maîtrisé, capable de rivaliser avec les meilleurs whiskies écossais dans le cœur des dégustateurs.

Hibiki 21 ans

Whisky irlandais

Le irlandais est sans doute le whiskey originel, avec une distillation pratiquée par les moines dès le Moyen Âge. Au XIXe siècle, l’Irlande produisait le whiskey le plus réputé au monde. Après une longue période de déclin (guerre d’indépendance, Prohibition, fermeture de nombreuses distilleries), l’Irish whiskey renaît depuis les années 1990. Caractéristique notable: de nombreux whiskeys irlandais sont distillés trois fois, ce qui les rend particulièrement doux et légers. Par ailleurs, l’Irlande a une spécialité unique, le single pot still, élaboré à partir d’un mélange d’orge maltée et non maltée. Ce procédé traditionnel donne des whiskeys très onctueux et épicés. Voici trois whiskeys irlandais incontournables représentant la diversité de l’île d’Émeraude.

Jameson Irish Whiskey

Jameson est LA marque irlandaise iconique, incontournable dans les bars du monde entier. Fondée en 1780 à Dublin par John Jameson, un Écossais venu s’installer en Irlande, la distillerie originale de Bow Street a produit des millions de gallons de whiskey au XIXe siècle. Jameson a survécu aux temps difficiles en rejoignant Irish Distillers, qui a centralisé la production à Midleton (Comté de Cork) à partir de 1975. Le Jameson original est un blend mêlant des whiskeys de grain (maïs distillé en colonne) et de pot still (mélange d’orge maltée et non maltée distillé trois fois en alambic) vieillis en fûts de chêne pendant 4 à 7 ans en moyenne.

Doux et accessible, Jameson présente un nez de malt sucré, de fleurs et de chêne vanillé. En bouche, c’est moelleux, avec des notes de caramel, de céréale grillée, de noisette et une touche fruitée rappelant la pomme. La finale est légère et propre. C’est un whiskey parfait pour initier, à boire sec, sur glace, ou en cocktail (Irish Coffee, Whiskey Ginger avec du ginger ale, etc.). Une anecdote marquante concernant Jameson: dans les années 1800, sa popularité aux États-Unis était telle que des contrebandiers le vendaient même pendant la Prohibition. Plus récemment, la marque a explosé en popularité, doublant ses ventes mondiales entre 2010 et 2020, portée par les nouvelles modes de consommation. Son slogan “Sine Metu” (sans crainte) figure sur l’étiquette, hérité de la famille Jameson – une devise qui reflète bien l’audace de cette marque qui a su conquérir le monde.

Jameson Irish Whiskey

Bushmills Original

Si Jameson représente le Sud (république d’Irlande), Bushmills est le fier étendard du Nord. The Old Bushmills Distillery, située dans le Comté d’Antrim en Irlande du Nord, revendique une licence de distillation délivrée en 1608 – ce qui en ferait la plus ancienne distillerie en activité. Officiellement fondée en 1784, Bushmills a traversé les siècles et conserve un style distinct. Le Bushmills Original est un blend qui assemble le single malt maison (Bushmills est l’une des rares distilleries irlandaises à distiller exclusivement de l’orge maltée en triple distillation) et un whiskey de grain léger, le tout vieilli en fûts de bourbon principalement.

Le résultat est un whiskey doré, au nez marqué par le miel, la vanille et la pomme verte. En bouche, il est très doux: céréales maltées, vanille crémeuse, une pointe d’amande et une absence totale d’amertume ou de fumée. La triple distillation et l’usage d’orge maltée non tourbée lui confèrent cette pureté cristalline et ce moelleux. Bushmills Original se déguste sec ou avec des glaçons, et se prête bien aux cocktails légers. C’est un whiskey facile d’accès, reflétant la tradition irlandaise. Parmi les anecdotes, notons que Bushmills a figuré sur les billets de banque nord-irlandais (un dessin de la distillerie ornait les billets de 10 livres de la Northern Bank) – un symbole de fierté locale. De plus, Bushmills a appartenu pendant un temps à un certain… Jose Cuervo (le producteur de tequila), avant de revenir dans le giron irlandais via la société Bushmills actuelle. Un bel exemple de longévité pour cette distillerie qui combine histoire et qualité constante.

Bushmills Original

Redbreast 12 ans

Redbreast 12 ans est souvent considéré comme le joyau du whiskey irlandais traditionnel. Il s’agit d’un Single Pot Still irlandais, c’est-à-dire un whiskey fabriqué à partir d’orge maltée et non maltée distillée en alambics pot still, une spécificité irlandaise héritée des temps où l’on voulait contourner les taxes sur le malt. Redbreast trouve son origine en 1912, lorsque la société Gilbey’s (embouteilleur de vins et spiritueux) a commencé à commercialiser un 12 ans issu des alambics de Jameson sous ce nom. La marque a été relancée dans les années 1990 par Irish Distillers, pour le plus grand bonheur des amateurs.

Le Redbreast 12 est vieilli en moyenne 12 ans dans un assemblage de fûts de chêne ayant contenu du bourbon et surtout du sherry Oloroso, ce qui lui donne une couleur ambrée et un profil aromatique riche. Le nez est intense sur le gâteau aux fruits, les épices (muscade, clou de girofle), le toffee et le zeste d’agrumes. En bouche, c’est onctueux et complexe: marmelade d’orange, pruneau, noix, vanille, avec le petit côté épicé et huileux caractéristique du pot still. La finale, longue, évoque le bois poli, le poivre doux et le fruits secs. Ce whiskey titre 40% et se déguste de préférence pur tant ses arômes sont subtils (certains aficionados aiment néanmoins ajouter quelques gouttes d’eau pour libérer encore plus de parfums). Quant à l’anecdote derrière son nom: “Redbreast” signifie rouge-gorge. Le chairman de Gilbey’s à l’époque était passionné d’ornithologie et a choisi ce nom en référence à l’oiseau familier au poitrail rouge, conférant ainsi à ce whiskey une identité attachante. Redbreast 12 ans a remporté de nombreuses récompenses internationales ces dernières années, confirmant qu’il fait partie des meilleurs whiskeys irlandais disponibles. Un incontournable pour qui veut goûter à la tradition irlandaise la plus authentique.

Redbreast 12 ans

Whisky single malt

Un single malt est un whisky élaboré uniquement à partir d’orge maltée et provenant d’une seule distillerie. Si historiquement l’Écosse était quasiment la seule à en produire (on parlait d’ailleurs de “single malt écossais”), de nos jours de nombreux pays fabriquent des single malts de très haute qualité. Ce type de whisky met en avant le caractère d’une distillerie et le savoir-faire du maltage et de la distillation en pot still. Les single malts sont souvent perçus comme le summum de la finesse en whisky, ce qui explique qu’ils soient très prisés des connaisseurs. Voici trois single malts d’origine non écossaise qui ont marqué les esprits en remportant les plus hautes distinctions, prouvant que l’excellence du malt se décline aux quatre coins du monde.

Amrut Fusion (Inde)

Amrut, distillerie basée à Bangalore en Inde, a fait sensation en prouvant que l’on pouvait produire un single malt de classe mondiale sous le climat tropical indien. Lancé en 2009, Amrut Fusion doit son nom à la “fusion” d’orge écossaise tourbée et d’orge indienne non tourbée dans sa recette. Son histoire a pris un tournant quand Jim Murray, expert en whisky, l’a désigné 3e meilleur whisky au monde dans son Whisky Bible 2010 avec une note de 97/100 – un véritable coup de projecteur sur cette jeune marque.

Distillé en alambics charentais et vieilli en fûts ex-bourbon, Amrut Fusion n’a besoin que de 4 à 6 ans de maturation sous le climat chaud de Bangalore pour atteindre une belle maturité (la part des anges y est très élevée, concentrant rapidement le whisky). Il en résulte un single malt intense: nez sur la mangue, le caramel, la fumée légère; bouche gourmande avec une tourbe discrète, des notes de chocolat, d’épices douces et de chêne toasté. La finale est étonnamment longue, poivrée et fruitée. Embouteillé à 50%, il supporte bien l’ajout d’eau, qui fait ressortir des arômes de malt sucré. Sa dégustation pure offre un voyage sensoriel dépaysant – on y perçoit presque la chaleur indienne. Anecdote: Amrut en sanskrit signifie “nectar des dieux”. Un nom prédestiné pour ce whisky qui a hissé l’Inde sur la carte du whisky mondial et dont la qualité intrinsèque a surpris bien des experts occidentaux.

Amrut Fusion (Inde)

Kavalan Solist Vinho Barrique (Taïwan)

En 2015, le monde du whisky a été secoué par une nouvelle incroyable: le prix du meilleur single malt au World Whiskies Awards a été attribué à un whisky taïwanais. Ce whisky, c’est le Kavalan Solist Vinho Barrique, produit par la distillerie King Car (Kavalan) fondée en 2005 à Taïwan. En moins de 10 ans d’existence, Kavalan a réussi l’exploit de battre les Écossais sur leur terrain, grâce à un single malt audacieux vieilli en fûts de vin rebrûlés (vino barrique). Le climat subtropical de Taïwan, chaud et humide, accélère considérablement le vieillissement: Kavalan atteint sa plénitude en à peine 5 à 6 ans de fût.

Le Solist Vinho Barrique est embouteillé cask strength (souvent autour de 57% alc.) sans filtration à froid. Sa robe est acajou profond. Au nez, c’est une explosion de fruits tropicaux, de mangue, de vanille, avec des notes de chêne grillé et de chocolat. La bouche est riche, onctueuse, avec des saveurs de compote de fruits, de crème brûlée, de chêne épicé et une pointe de tannin vineux équilibrée. La finale est longue, sur les épices et le bois doux. Malgré la puissance, l’ensemble est d’une douceur “comme du lait chocolaté parfumé au bourbon” selon le jury du WWA. Ce single malt se déguste par petites gorgées, éventuellement avec un peu d’eau pour abaisser le degré et libérer encore plus d’arômes. Kavalan a démontré avec éclat que le talent n’attend pas le nombre des années: dès 2012, une autre version (Solist Fino Sherry) avait été saluée par Jim Murray. L’anecdote derrière le nom Kavalan: c’est celui d’une tribu aborigène de la région de Yilan où est située la distillerie. Un bel hommage aux racines taïwanaises pour un whisky à la renommée désormais universelle.

Kavalan Solist Vinho Barrique (Taïwan)

Sullivan’s Cove French Oak (Australie)

Autre contrée inattendue du whisky: la Tasmanie, île au sud de l’Australie, s’est fait connaître grâce à la distillerie Sullivan’s Cove. Fondée en 1994 près de Hobart, elle a mis plus de 15 ans à affiner son savoir-faire, jusqu’à créer le whisky qui a mis l’Australie sur la carte: le Sullivan’s Cove French Oak Single Cask. En 2014, un fût unique numéroté HH0525, vieilli 12 ans en ex-fût de porto en chêne français, a remporté le titre de meilleur single malt du monde aux World Whiskies Awards – une première pour une distillerie hors Écosse ou Japon et une immense fierté pour l’équipe.

Issu d’orge maltée australienne et distillé en alambic pot still, ce single malt n’est embouteillé qu’à la force du fût (généralement autour de 47-48%, car le degré baisse avec les années en fût). Le “French Oak” offre un nez opulent de fruits secs, de pruneaux, de cacao et de caramel au beurre salé. La bouche est grasse et veloutée, avec des notes de pain d’épices, de chocolat, d’écorces d’orange confites et une tourbe quasi imperceptible. La finale s’étire sur le chêne toasté, les épices douces et le raisin sec, évoquant l’héritage du fût de porto. Chaque bouteille provenant d’un seul fût, les saveurs peuvent légèrement varier d’un embouteillage à l’autre, ce qui fait tout le charme de ces éditions limitées. Depuis ce sacre mondial en 2014, Sullivan’s Cove a vu la demande exploser et ses stocks s’épuiser rapidement; les prix ont grimpé en flèche, rendant ces flacons difficiles à trouver. Néanmoins, la distillerie continue de sortir des single casks exceptionnels, primés presque chaque année (meilleur single cask single malt en 2018 et 2019 aux WWA. Sullivan’s Cove French Oak incarne l’audace d’un nouveau terroir du whisky et prouve qu’avec de la passion et du temps, l’Australie peut rivaliser avec les meilleurs producteurs historiques.

Sullivan’s Cove French Oak (Australie)

Whisky canadien

Le whisky canadien est souvent associé à la douceur et à la légèreté, réputé pour ses blends à base de maïs et de seigle, parfaits en cocktails. Mais il recèle aussi des pépites de caractère, notamment certains ryes canadiens et des expressions très âgées. Le Canada produit du whisky depuis le XIXe siècle, avec des figures comme Hiram Walker ou J.P. Wiser. L’appellation “Canadian whisky” est souple: en général ce sont des blends multi-céréales, souvent vieillies au moins 3 ans en fûts usagés. Traditionnellement moelleux et vanillés, les whiskys canadiens étaient l’ingrédient clé des blends américains pendant la Prohibition. Aujourd’hui, ils reviennent sur le devant de la scène grâce à quelques embouteillages premium reconnus mondialement. Voici trois whiskys canadiens emblématiques, entre tradition historique et succès modernes.

Crown Royal Northern Harvest Rye

Crown Royal est le whisky canadien le plus célèbre, identifiable à sa bouteille couronnée enveloppée d’un sac en velours violet. Créé en 1939 en l’honneur de la visite au Canada du roi George VI, Crown Royal est un blend élaboré à Gimli (Manitoba) à partir de dizaines de whiskies différents, dont une bonne part de whisky de seigle pour le caractère. En 2015, la version Northern Harvest Rye (90% de seigle dans l’assemblage) a fait grand bruit en étant sacrée “Whisky de l’année” par Jim Murray dans sa Whisky Bible 2016 – première fois qu’un canadien obtenait cette distinction suprême. Ce coup de projecteur a valu à Crown Royal Rye d’être en rupture de stock durant des mois tant la demande a explosé.

Embouteillé à 45% d’alc., le Northern Harvest Rye déploie au nez des arômes de céréales grillées, de bois frais, de caramel et d’aneth (une note typique du seigle canadien). En bouche, on retrouve une texture douce, peu tannique, avec du sirop d’érable, du poivre blanc, du pain d’épices et un soupçon de pommes cuites. La finale est moyennement longue, sur la cassonade et les épices. C’est un whisky facile à apprécier sec, grâce à sa rondeur, mais qui brille particulièrement en mixologie (essayez-le en Whisky Sour ou en Old Fashioned). L’anecdote marquante, outre sa récompense prestigieuse, c’est que Crown Royal était déjà dans l’histoire: on raconte que pendant la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill appréciait ce whisky canadien qu’il recevait en cadeau diplomatique. De plus, Crown Royal a conquis la culture populaire américaine (il est souvent cité dans des chansons de country ou de rap). Un bel exemple de whisky transgénérationnel qui a su se réinventer avec cette édition au seigle très réussie.

Crown Royal Northern Harvest Rye

Lot No. 40 Rye

Lot No. 40 est un whisky de seigle canadien qui enflamme les amateurs depuis sa renaissance en 2012. A l’origine lancé en 1998 par le master blender Mike Booth puis disparu quelques années, il a été ressuscité par Corby/JP Wiser’s. Son nom “Lot 40” fait référence à une parcelle de terre attribuée à un ancêtre distillateur de Booth au XIXe siècle, ancrant ce rye dans l’histoire canadienne. Techniquement, il s’agit d’un 100% seigle (avec environ 10% de seigle malté) distillé intégralement en alambic pot still à colonne de cuivre, ce qui est rare au Canada où l’on distille souvent en continu. Vieilli en fûts de chêne neuf fortement bousinés, Lot 40 est embouteillé à 43% sans filtration à froid.

Côté dégustation, attendez-vous à un nez explosif de seigle épicé (seigle humide, poivre, anis), de zeste d’agrume et de toffee. La bouche est intense: attaque sur le caramel, puis une énorme vague épicée (cannelle, poivre noir, clou de girofle), avec du chêne grillé et un fruité sombre en arrière-plan. La finale, un peu plus sèche, laisse une impression de pain noir et de cacao amer. Lot 40 est un rye de caractère, très prisé pour les cocktails robustes (exceptionnel en Manhattan par exemple), mais beaucoup le dégustent pur pour son profil “rye brut”. Il a remporté plusieurs fois le titre de meilleur whisky canadien aux Canadian Whisky Awards (notamment en 2013 et 2015), confirmant son statut. Une anecdote amusante: sur l’étiquette figure une illustration d’un alambic traditionnel, clin d’œil à son mode de distillation artisanal. Par ailleurs, le retour triomphant de Lot 40 a encouragé d’autres distilleries canadiennes à sortir des ryes haut de gamme. Ce whisky a donc joué un rôle moteur dans la “révolution du seigle” au Canada.

Lot No. 40 Rye

Canadian Club 12 ans

Impossible de parler de whisky canadien sans évoquer Canadian Club, la marque historique fondée par Hiram Walker en 1858 à Walkerville (Ontario). À la fin du XIXe siècle, le “Club Whisky” de Walker était si populaire dans les clubs huppés américains que les distillateurs US, jaloux, obtinrent une loi obligeant à mentionner le pays d’origine sur les bouteilles. Walker rebaptisa alors fièrement son produit “Canadian Club” en 1890, transformant ce handicap en atout marketing – et le nom est resté. Durant la Prohibition (années 1920), Canadian Club était le whisky de choix des bootleggers: Al Capone en personne en faisait passer clandestinement des quantités massives de Windsor à Détroit, renforçant la légende de CC. La distillerie a même reçu plusieurs mandats royaux de la Couronne britannique (Queen Victoria, Edward VII, George V, etc.) attestant de sa qualité.

Le Canadian Club 12 ans, appelé “Classic 12”, est un blend moelleux typique. Il mêle principalement du whisky de maïs léger (distillé en colonne) et une bonne dose de whisky de seigle plus robuste, qui vieillissent séparément avant assemblage. La particularité de Canadian Club est d’opter pour un “blend at birth” sur certaines cuvées – mélange des distillats avant vieillissement – mais pour le 12 ans, il s’agit d’un assemblage post-vieillissement. Ce whisky ambré présente un nez de chêne vanillé, de toffee, d’écorce d’orange et de noix de muscade. En bouche, il est doux, crémeux, avec du caramel, du pain d’épices, des fruits secs et un soupçon poivré dû au seigle. La finale est relativement brève et suave. D’une grande polyvalence, le CC 12 ans se savoure aussi bien pur (sa rondeur plaît à tous les palais) qu’en Highball avec du soda au gingembre par exemple. Canadian Club reste associé à l’idée d’un whisky “civilisé” et convivial, témoin d’une époque. D’ailleurs, dans la série “Mad Men”, c’est le whisky fétiche du personnage Don Draper. Preuve que ce spiritueux, fort de ses 150+ ans d’histoire, continue de symboliser l’élégance décontractée nord-américaine.

Canadian Club 12 ans

En conclusion, le monde du whisky est un vaste terrain de découvertes. Des bourbons doux-amers du Kentucky aux single malts fumés d’Islay, des blends irlandais soyeux aux nectars japonais primés, chaque amateur peut trouver whisky à son palais. Ce tour d’horizon a mis en lumière des bouteilles emblématiques, chacune avec sa riche histoire, son caractère unique et ses anecdotes savoureuses. N’hésitez pas à explorer ces différents styles – avec modération – pour affiner vos goûts et votre connaissance de cet univers passionnant. Que vous préfériez le whisky pur dans un verre tulipe ou en cocktail sophistiqué, l’important est de prendre plaisir à déguster ces spiritueux d’exception, reflets de savoir-faire ancestraux et d’identités culturelles fortes. Sláinte, Cheers, Kanpai !



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