Quel vin blanc choisir pour cuisiner et accompagner des lasagnes à la bolognaise ?

Quel vin blanc choisir pour cuisiner et accompagner des lasagnes à la bolognaise ?

Apr 15, 2025Leo Brun

Lorsqu’on pense aux lasagnes à la bolognaise, on imagine aussitôt un plat généreux, riche en sauce tomate, viande fondante et béchamel onctueuse. Traditionnellement, cet emblème de la cuisine italienne s’accompagne d’un bon vin rouge. Mais saviez-vous que certains vins blancs bien choisis peuvent tout aussi bien sublimer ce mets convivial ? Oublions un instant le réflexe “pâtes + tomates = rouge” (un réflexe bien ancré d’après un chroniqueur canadien et explorons ensemble l’univers des vins blancs qui peuvent créer un accord surprenant et délicieux avec vos lasagnes. Dans cet article, nous vous proposons d’abord une recette simple de lasagne à la bolognaise, puis un voyage œnologique à travers les régions viticoles de France (et au-delà) à la recherche du vin blanc idéal. Nous parlerons cépages, terroirs, accord mets-vins insolites, et facteurs clés comme l’acidité, la puissance aromatique ou la texture. Installez-vous confortablement, servez-vous un verre (blanc, pourquoi pas !) et bonne lecture.

Sommaire

Recette simple et rapide des lasagnes à la bolognaise

Une belle portion de lasagnes à la bolognaise tout juste gratinée, prête à être dégustée. Ce grand classique originaire de Bologne se compose traditionnellement de couches de pâtes alternant avec un ragù (sauce à la viande) et une sauce béchamel, le tout gratiné au four avec du parmesan. Voici une recette simplifiée pour régaler 6 personnes environ. Vous verrez qu’elle intègre un ingrédient secret des Italiens dans la sauce : le vin blanc, bien sûr !

  1. Préparez la sauce bolognaise : hachez finement une carotte, une branche de céleri et un oignon. Dans une grande casserole, faites revenir ces légumes (le trio soffritto) avec un filet d’huile d’olive. Ajoutez 150 g de pancetta ou lardons pour parfumer. Incorporez ensuite 500 g de viande hachée (bœuf, ou mélange bœuf/veau) et faites-la dorer en émiettant bien.
  2. Déglacez au vin blanc : versez 1/2 verre de vin blanc sec dans la casserole pour décoller les sucs de cuisson. C’est une astuce authentique : la véritable sauce à la viande de Bologne est traditionnellement mijotée avec du vin blanc (jamais rouge). Laissez réduire quelques minutes.
  3. Mijotez avec la tomate : ajoutez 800 g de tomate (par exemple un coulis épais ou pulpe de tomate concassée). Incorporez 2 cuillères de concentré de tomate pour la couleur, un bouquet garni (laurier, thym) et une pincée de sucre (qui atténuera l’acidité de la tomate). Salez, poivrez et éventuellement ajoutez une gousse d’ail écrasée et une pincée d’origan. Couvrez et laissez mijoter à feu doux au moins 30 à 45 minutes (plus c’est long, meilleur sera le ragù). La sauce doit réduire et épaissir, exhalant des arômes concentrés de tomate et d’herbes.
  4. Préparez la béchamel : pendant que la sauce tomate mijote, faites fondre 50 g de beurre dans une casserole. Ajoutez 50 g de farine et fouettez pour former un roux blond. Versez progressivement 500 mL de lait chaud tout en mélangeant vigoureusement afin d’éviter les grumeaux. Laissez cuire quelques minutes à feu doux jusqu’à épaississement. Assaisonnez de sel, poivre et une pointe de noix de muscade. La sauce béchamel doit être nappante et sans grumeaux, avec une texture onctueuse qui apportera du moelleux aux lasagnes.
  5. Montez les lasagnes : préchauffez le four à 180°C. Beurrez légèrement un grand plat rectangulaire. Disposez une première couche de feuilles de lasagne (fraîches de préférence, ou préalablement précuites si sèches). Étalez par-dessus une couche de sauce bolognaise, puis quelques cuillères de béchamel. Parsemez de parmesan râpé. Répétez l’opération : pâtes, bolognaise, béchamel, fromage, sur 3 à 5 étages selon la hauteur du plat. Terminez par une couche de sauce et de béchamel mélangées, puis couvrez généreusement de fromage râpé (parmesan ou gruyère) pour obtenir un beau gratiné.
  6. Enfournez et servez : enfournez les lasagnes pour environ 30 minutes (jusqu’à ce que le dessus soit doré et bouillonnant). Laissez reposer 5 à 10 minutes hors du four avant de servir, cela facilite le service des parts. Dégustez vos lasagnes bien chaudes, idéalement accompagnées d’une salade verte pour la fraîcheur… et d’un verre du vin blanc que nous allons choisir !

Cette recette met en scène des saveurs puissantes : la tomate apporte son acidité fruitée, la viande et la béchamel contribuent au gras et à la texture crémeuse, le parmesan donne du salé et de l’umami. Le tout est très gourmand et riche. C’est pourquoi le choix du vin est crucial pour trouver l’équilibre. On l’a vu, nos voisins Italiens n’hésitent pas à utiliser du vin blanc dans la sauce elle-même – signe que le blanc a sa place autour de ce plat. Voyons maintenant quels vins blancs, notamment français, peuvent accompagner nos lasagnes bolognaises de la plus belle des façons.

les bolognaise avec du vin blanc a l'intérieur

Accords mets-vins : quel vin blanc français pour des lasagnes à la bolognaise ?

Servir du vin blanc avec des lasagnes à la bolognaise est un choix audacieux mais pouvant s’avérer exquis. L’idée est de sélectionner un vin blanc ayant soit assez de caractère pour tenir tête à la richesse du plat, soit une belle fraîcheur pour créer un contraste rafraîchissant. En France, nous avons la chance d’avoir une diversité de vins blancs couvrant tout le spectre, du plus léger au plus puissant. Tour d’horizon, région par région, des options les plus intéressantes.

Alsace : la fraîcheur aromatique du Riesling et du Pinot Gris

L’Alsace, terre de grands vins blancs, offre des alliés insoupçonnés pour nos lasagnes. Le Riesling d’Alsace tout d’abord, est réputé pour être sec, tendu et d’une acidité tranchante, avec des arômes d’agrumes, de fleurs blanches et parfois une touche minérale. C’est justement ce profil vif et aromatique qui peut bien fonctionner. Un Riesling alsacien très sec, marqué par les fines herbes et les agrumes, pourrait se marier à la sauce tomate aux herbes (origan, basilic) en écho des notes végétales. Son acidité élevée saura rivaliser avec celle de la tomate, évitant que le vin ne paraisse fade. De plus, la structure du Riesling (surtout un Riesling de terroir, par exemple un Grand Cru calcaire) donne suffisamment de corps pour accompagner la viande. En somme, un Riesling bien sec et aromatique apportera une acidité rafraîchissante et des arômes citriques qui équilibrent le plat tout en le laissant s’exprimer.

Autre cépage alsacien à considérer : le Pinot Gris (anciennement appelé Tokay d’Alsace). Plus rond et légèrement plus riche en alcool, il offre des arômes de fruits jaunes mûrs, de miel et une texture plus ample en bouche. Un Pinot Gris d’Alsace sec mais opulent peut créer un bel accord par harmonie de textures : son côté gras et ample fait écho à la douceur de la béchamel et au gras du fromage. En même temps, il conserve suffisamment d’acidité pour ne pas être alourdi par la sauce. Certains Pinot Gris peuvent même avoir une petite sucrosité résiduelle qui enrobe l’acidité de la tomate et adoucit les saveurs épicées du ragù. On pourra par exemple penser à un Pinot Gris Vendanges Tardives (servi plus frais qu’à l’accoutumée) pour un accord original sucré-salé, ou plus classiquement à un Pinot Gris Grand Cru élevé sur lies, aux notes fumées et épicées, qui se fondront dans le plat.

En Alsace toujours, on évitera peut-être le Gewurztraminer dans ce contexte, car ses arômes très intenses de rose et litchi pourraient dominer le plat et son faible taux d’acidité ne contrasterait pas assez l’acidité de la tomate. Mais un assemblage alsacien (Edelzwicker) simple et fruité, servi bien frais, pourrait à la rigueur convenir si les lasagnes ne sont pas trop relevées.

l'alsace et ses vins blanc

Vallée de la Loire : la vivacité du Sauvignon Blanc et la polyvalence du Chenin

Direction la Loire maintenant, pour profiter de vins blancs réputés pour leur nervosité et leur intensité aromatique. Le Sauvignon Blanc, roi du Centre-Loire (Sancerre, Pouilly-Fumé), est un candidat sérieux. On reconnaît ses vins à leurs arômes de buis, de bourgeon de cassis, d’agrumes et parfois de pierre à fusil. Ces notes herbacées et minérales font écho aux parfums d’une sauce tomate aux herbes, comme l’a justement fait remarquer un expert en soulignant que le côté végétal du Sauvignon en fait un compagnon idéal de la sauce tomate. Un Sancerre bien sec, à la fois fruité (pamplemousse) et végétal, doté d’une acidité mordante, apportera beaucoup de fraîcheur pour équilibrer le gras de la viande et du fromage. Attention toutefois à choisir un millésime récent et un vin suffisamment fruité : il faut que l’acidité du vin égale celle de la tomate, sinon le vin paraîtra plat. Servi autour de 10°C, un Sauvignon de Loire offrira une bouche nerveuse et désaltérante, parfaite pour “rincer” le palais entre deux bouchées de lasagne.

Le Chenin Blanc, autre cépage phare ligérien, propose un profil différent mais tout aussi intéressant. Sec ou légèrement demi-sec, il allie acidité et matière. Par exemple, un Saumur blanc (100% chenin) ou un Savennières de quelques années d’âge présentent souvent des arômes de coing, de pomme au four, de miel et de fleurs blanches, avec une belle minéralité. Leur belle acidité leur confère de la tension malgré la rondeur en bouche. Ce type de vin blanc structuré et vif – qu’on peut retrouver aussi en Vouvray sec – a été suggéré par certains spécialistes pour sublimer des plats riches. En pratique, un chenin sec et ample, aux légers accents oxydatifs (pomme mûre, cire d’abeille), fait un accord intéressant par contraste avec la vivacité de la sauce tomate : son côté presque tannique (certains chenins élevés en fût présentent une fine amertume et beaucoup de structure) peut répondre à la viande, tandis que ses arômes évolués s’accordent avec le côté gratiné et fumé du plat. On peut penser par exemple à un Vouvray sec ou Montlouis un peu évolué, ou mieux encore un Savennières – vin puissant, sec, et long en bouche – pour accompagner une lasagne un peu gastronomique.

Au nord de la Loire, mentionnons aussi l’appellation Cheverny (assemblage de Sauvignon et Chardonnay) ou un Chateaumeillant blanc (Sauvignon), qui sont vifs et légers – plutôt à réserver aux lasagnes aux légumes et fromages doux. À l’inverse, un vin du Pays Nantais comme le Muscadet (cépage melon de Bourgogne), très léger et ultra-sec, risque d’être insuffisant face à un plat aussi corsé que la lasagne bolognaise, sauf peut-être à le choisir sur un millésime solaire qui lui donne un peu plus de corps.

Bourgogne : l’élégance du Chardonnay, de Chablis aux Meursault

A priori, on n’associe pas spontanément un grand vin blanc de Bourgogne à des lasagnes rustiques. Et pourtant, les blancs bourguignons comptent parmi les plus polyvalents qui soient, grâce à leur équilibre entre acidité, fruité et rondeur. Le cépage Chardonnay, selon son terroir et son élevage, peut donner des vins d’un style très différent – de tranchant et minéral à gras et boisé. Il y a donc plusieurs angles d’accord possibles.

Pour un accord de contraste, on pourra choisir un Chardonnay non ou peu boisé, axé sur la minéralité et la tension. C’est le cas d’un Chablis. Un Chablis jeune, sec, aux arômes de citron, de pomme verte et de coquille d’huître, possède une acidité mordante et une grande pureté de saveurs. Il apporte une sensation de netteté en bouche qui peut “nettoyer” le palais de la richesse de la lasagne. On peut craindre qu’il soit un peu effacé face à la puissance du plat, mais si la lasagne est bien équilibrée (ni trop épicée ni trop saturée de sauce tomate), le Chablis peut au contraire jouer le rôle d’apporter de la légèreté. Pensez à un Chablis Premier Cru, qui aura un peu plus de matière et parfois de nuances épicées (certains terrains donnant une note de poivre blanc ou de clou de girofle subtile) pour mieux dialoguer avec la viande.

Pour un accord par complémentarité, un Chardonnay bourguignon plus riche et souple fera merveille. Un vin blanc de Bourgogne rond et beurré saura faire honneur à la béchamel et à la bolognaise des lasagnes, à condition d’être bien équilibré. Par exemple, un Meursault, un Pouilly-Fuissé ou un Saint-Aubin offrant une texture veloutée, des arômes de fruits à chair blanche, de beurre frais, de noisette et une touche vanillée issue de l’élevage en fût. Ces notes grillées et lactées font écho à la sauce béchamel gratinée au fromage : elles renforcent la dimension « confort food » du plat en allant dans le même sens. Prenons l’exemple d’un Savigny-lès-Beaune 1er cru blanc, cité par un sommelier dans un accord avec la sauce tomate : ce vin présente une bouche ample et équilibrée, avec une belle acidité pour la fraîcheur, et des notes de beurre et de noisette en finale. Ce profil à la fois frais et généreux cocherait toutes les cases pour accompagner une lasagne bolognaise, en apportant du fruité, du gras et une pointe d’amertume noble qui répond aux tomates cuites.

Au-delà des appellations prestigieuses, on peut très bien opter pour un bon bourgogne blanc générique ou un vin de Côte Chalonnaise (Rully, Montagny) un peu boisé. L’important est d’avoir ce qu’il faut de corps et de bouquet aromatique. Un Chardonnay du Mâconnais, par exemple de Mâcon ou de Viré-Clessé, qui aurait vu un peu de fût, peut offrir pour un prix raisonnable une palette d’arômes briochés et floraux et une rondeur gourmande en bouche. Cela se mariera avec le coté grillé du plat (notamment les morceaux de lasagne sur les bords qui croustillent) et enveloppera la structure du ragù.

valée de la loire et ses vins blanc

Vallée du Rhône : l’opulence du Viognier et la structure des assemblages blancs

Dans la vallée du Rhône, région plus connue pour ses rouges charpentés, on trouve également de remarquables vins blancs qui pourraient convenir à nos lasagnes. Ici, les cépages principaux sont le Viognier, la Marsanne et la Roussanne, souvent vinifiés en assemblage (surtout au sud) ou seuls (notamment le Viognier dans le nord du Rhône).

Un Viognier, par exemple un Condrieu ou même un Viognier du Languedoc, est un vin très parfumé (notes typiques d’abricot, de pêche, de fleurs comme la violette) et doté d’une texture huileuse, avec une acidité modérée. C’est un choix osé face à l’acidité de la tomate, mais qui peut fonctionner si la sauce est peu agressive et bien confite. Le Viognier va plutôt chercher l’accord sur le terrain aromatique : ses arômes de fruits jaunes et d’herbes sèches peuvent rappeler le caractère ensoleillé du plat. Un conseil toutefois : servez-le pas trop frais (autour de 12°C) pour que son gras et ses parfums s’expriment bien, et choisissez un viognier sec et assez soutenu en alcool (13-14°) pour qu’il ait de la structure. D’après une source experte, un vin blanc rond et souple aux notes de fruits jaunes et fruits secs (portrait qui correspond bien à un Viognier) peut tout à fait flatter la béchamel et la viande des lasagnes. Voilà de quoi réhabiliter ce cépage ici.

Les assemblages de vins blancs du Rhône méridional, quant à eux, offrent souvent un bon compromis entre puissance et fraîcheur. Un Côtes-du-Rhône blanc (généralement à base de Grenache Blanc, Marsanne, Roussanne, complétés parfois de Viognier, Clairette, etc.) présente des arômes de fruits à chair blanche, d’amande, de fleurs et une bouche généreuse. Sans atteindre l’exubérance d’un Viognier seul, ce type de vin est généralement plus équilibré en acidité. Par exemple, une cuvée bio de Côtes-du-Rhône blanc assemblant Grenache blanc et Roussanne offrira une structure suffisamment large pour accompagner la texture crémeuse des lasagnes blanches (dans une variante sans tomate), et sa touche fruitée/florale adoucira la richesse du gratin. Appliqué à la lasagne bolognaise (avec tomate), un Côtes-du-Rhône blanc bien fait, de préférence sur un millésime frais pour garder de la vivacité, pourra tenir tête à la partie tomate grâce à une fine amertume d’amande en finale et assez de corps pour la viande.

Citons aussi la Marsanne en solo, telle qu’exprimée dans un Hermitage blanc ou un Saint-Joseph blanc du nord Rhône. La Marsanne donne des vins amples, à la robe d’or, avec des arômes de poire, de miel, de fleurs blanches, et une bouche peu acide mais très longue. Mariée souvent à la Roussanne (plus vive, aux notes d’infusion, de pêche blanche et de fleurs acacia), elle produit par exemple de superbes Crozes-Hermitage blancs. Des blogueurs spécialisés suggèrent d’ailleurs qu’un vin blanc à base de Marsanne/Roussanne, puissant et fruité, peut être un accord tout indiqué pour des lasagnes végétariennes riches en légumes et fromage. On peut extrapoler que pour la version à la viande, ces mêmes cépages, pour peu qu’ils soient vinifiés sec et avec suffisamment de tension, feront l’affaire en apportant une belle matière fruitée et une certaine douceur en bouche qui arrondit l’acidité du plat.

En résumé, dans le Rhône on visera des vins blancs généreux, aux arômes expressifs, sachant rester équilibrés. Un Châteauneuf-du-Pape blanc (prestigieux assemblage souvent dominé par la Roussanne) peut par exemple être tenté : il déploie une palette aromatique complexe (fruits exotiques, épices douces, fenouil, coing) et une bouche riche, parfois un peu chaleureuse en alcool. Sur une lasagne très épicée, ce ne serait pas l’idéal, mais sur une lasagne traditionnelle, cela peut donner un accord « gastronomique » surprenant, chaque bouchée révélant de nouvelles saveurs dans le vin et vice-versa.

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Languedoc & Provence : des blancs ensoleillés, du caractère et de la rondeur

Les régions du Sud de la France comme le Languedoc et la Provence ne sont pas en reste lorsqu’il s’agit de vins blancs de caractère. Sous le soleil méditerranéen, les raisins atteignent une belle maturité, donnant des vins souvent plus alcoolisés, au fruité généreux. Pour accompagner un plat aussi riche que des lasagnes bolognaises, on va privilégier dans ces contrées des vins blancs assez ronds, voire opulents, mais dotés d’une bonne fraîcheur aromatique.

En Languedoc, on trouve de plus en plus de Chardonnay planté sur des terroirs frais (Haute Vallée de l’Aude par exemple) ou élevé en barriques, qui donne des vins à la fois gourmands et équilibrés. Un chardonnay du Languedoc bien travaillé aura de la matière, des notes de fruits jaunes mûrs (mirabelle, ananas léger), une touche briochée, tout en conservant suffisamment d’acidité. C’est exactement le genre de vin blanc rond et souple qui saura honorer la douceur de la béchamel tout en supportant la sauce tomate. On peut citer l’appellation Limoux (en sec tranquille, pas la blanquette effervescente) où le chardonnay et le chenin donnent des vins blancs remarquables, fins et longs en bouche, parfois comparables à de bons bourgognes.

Côté cépages aromatiques du Sud, le Vermentino (appelé aussi Rolle en Provence) mérite qu’on s’y attarde. Il donne en général des vins vifs, avec d’agréables arômes d’agrumes (citron), d’herbes méditerranéennes (thym, fenouil) et de fruits à noyau comme la pêche. Par exemple, un Vermentino de Corse ou des coteaux de Provence, sec et bien fruité, apporterait une belle fraîcheur qui s’accorde aux légumes et herbes du ragù. Son acidité vivifiante équilibre le gras de la béchamel et du fromage en offrant une gorgée légère après chaque bouchée. De plus, ces vins ont souvent une pointe de salinité (surtout les vermentinos insulaires) qui peut rehausser le côté salé-savoureux du parmesan. À défaut de Vermentino français, un Vermentino sarde (Vermentino di Gallura DOCG) pourrait aussi très bien remplir ce rôle.

En Provence, on connaît surtout les vins rosés, mais il existe de jolis vins blancs au profil « méditerranéen ». Par exemple, l’appellation Cassis produit des blancs à base de Marsanne, Clairette et Ugni Blanc, qui sont en général assez ronds, parfumés (notes de fleurs, de fenouil, de fruits jaunes) avec une fraîcheur marine. Ce sont des vins blancs pleins de charme, dotés de la puissance aromatique nécessaire pour escorter un plat comme les lasagnes aux légumes du soleil – et pourquoi pas la version bolognaise, car leur structure tient bien en bouche. Un blanc de Bandol (assemblage similaire, avec parfois du Rolle) sera lui aussi riche et ample, aux accents de miel et d’abricot sec, pouvant rappeler un peu un Rhône blanc. Servi autour de 12°C, il fera ressortir les saveurs provençales du plat. Plus à l’ouest, citons aussi des blancs du Roussillon (souvent Grenache blanc/Maccabeu/Tourbat) qui allient un corps généreux et une belle minéralité – à tenter sur une bolognaise dotée d’herbes de garrigue.

Pour résumer sur ces régions du sud : choisissez un vin blanc du Sud suffisamment structuré (13° d’alcool et plus, du corps) mais pas dépourvu d’acidité. Évitez les cuvées trop molles ou très sucrotées. Cherchez des cuvées où le vigneron a gardé de la fraîcheur (vendange nocturne, élevage sur lies pour la tension) afin que le vin ne soit pas lourdaud. Un bon Coteaux-d’Aix-en-Provence blanc par exemple, ou un Luberon blanc (région plus fraîche en altitude), pourraient donner un accord local amusant avec des lasagnes : après tout, la Provence n’est pas si loin de l’Italie, on reste en terrain connu pour nos papilles.

languedoc roussilon et ses vins blanc

Bordeaux & Sud-Ouest : la surprise des blancs bordelais

Terminons ce tour de France par une région qu’on n’attendait peut-être pas ici : Bordeaux. Le Bordelais est avant tout réputé pour ses rouges, mais ses vins blancs (souvent issus du duo Sauvignon Blanc – Sémillon, avec parfois une touche de Muscadelle) peuvent se révéler d’excellents compagnons pour la lasagne. Un blanc de Bordeaux sec, surtout s’il est passé en barrique, présente un profil combinant acidité, gras et arômes boisés. Par exemple, un Graves ou Pessac-Léognan blanc affiche généralement des arômes de fleurs blanches, d’agrumes, de pêche, avec des notes toastées et fumées provenant de l’élevage. En bouche, le Sémillon apporte de la rondeur et du volume, tandis que le Sauvignon garantit la vivacité et le côté aromatique. Un millésime bien équilibré donnera un vin élégant, à l’acidité suffisante pour apporter de la fraîcheur, et à la structure assez ample pour ne pas se faire écraser par la viande.

On peut citer un cas concret : un grand château bordelais comme Monbousquet blanc 2018 (assemblage Sauvignon-Sémillon élevé 12 mois en fût) dégage des arômes complexes de fruits blancs, de fleurs et de miel, avec une bouche ronde mais soutenue par une belle acidité qui donne de la fraîcheur. Imaginez ce type de vin avec une lasagne bolognaise : les notes miellées et grillées du vin vont s’accorder avec le gratiné du fromage, sa chair fruitée va adoucir l’acidité de la tomate, et sa finale longue prolonge les saveurs en bouche. Bien sûr, il faut un vin blanc de Bordeaux de caractère (évitez les sauvignons très verts ou les blancs trop légers d’entrée de gamme). Mais un Graves bien choisi, éventuellement carafé s’il est jeune, servi à 11-12°C, peut étonner vos convives sur ce plat.

Dans le Sud-Ouest plus large, on pourrait également penser aux blancs secs de Jurançon ou de Pacherenc-du-Vic-Bilh, élaborés à partir de gros et petit manseng. Ces vins allient une acidité marquée, des arômes de fruits exotiques, de poivre blanc, et une bouche ample parfois légèrement tannique. Ils sont connus pour bien aller avec la cuisine épicée ou sucrée-salée. Sur une lasagne bolognaise, un Jurançon sec très vif pourrait jouer le contraste franc (acidité vs. gras), tandis qu’un Jurançon sec plus évolué (aux notes grillées, épicées) jouerait l’accord par écho aux épices du ragù. Enfin, n’oublions pas un blanc moelleux comme un Montbazillac bien frais sur une lasagne épicée au piment : l’accord doux-épicé peut séduire les amateurs d’expériences, mais on sort alors du cadre « classique » pour aller vers du sucré.

les vins de bordeaux

Ouverture sur les vins blancs étrangers (Italie, Allemagne, Autriche…)

Après ce tour de France, ouvrons nos horizons vers d’autres pays producteurs de grands vins blancs. Italie, Allemagne, Autriche sont trois sources évidentes, chacune apportant des profils intéressants pour notre plat italien favori. Sans oublier qu’on pourrait aussi trouver son bonheur en Espagne, en Amérique ou ailleurs. Voici quelques pistes hors de l’Hexagone.

Italie : les alternatives locales en blanc

Évoquer l’Italie est incontournable puisque c’est la patrie des lasagnes. Or, si les Italiens accompagnent traditionnellement leurs lasagne alla bolognese d’un rouge local (tel qu’un Sangiovese ou un Barbera), il existe des vins blancs italiens qui peuvent surprendre agréablement sur ce mets.

Commençons par le nord de l’Italie : la Venétie propose le Soave, vin blanc sec issu principalement du cépage Garganega. Un Soave Classico bien vinifié offre des arômes délicats d’amande, de fleurs blanches et d’agrumes, avec une bouche légère mais dotée d’une minéralité sous-jacente. C’est un accord naturel avec une simple pizza Margherita par exemple. Sur des lasagnes, on choisira un Soave de bonne tenue, par exemple un cru de Soave un peu plus structuré, pour que le vin ne paraisse pas trop mince. L’intérêt du Soave est sa fine amertume en finale (amande) qui peut faire écho au côté gratiné du fromage, et sa fraîcheur qui allège la recette.

Plus à l’est, le Frioul et le Haut-Adige offrent des vins blancs gastronomiques : pensons au Pinot Grigio (pinot gris vinifié sec) d’Alto Adige qui est souvent très vif, citronné, presque tranchant, bien différent des Pinot Grigio industriels sans relief. Un bon Pinot Grigio haut de gamme peut tenir tête à la bolognaise, en jouant un rôle similaire à un Riesling alsacien. Le Frioul cultive des cépages autochtones intéressants comme le Friulano (ex-Tocai Friulano) ou la Malvasia, qui donnent des vins secs aux notes d’herbes, de fruits jaunes et d’amande amère, avec du corps. Servir un Friulano sur des lasagnes bolognaise, c’est un peu comme apporter un trait d’amertume élégante et une structure chaleureuse qui accompagnent bien la viande.

En Italie centrale et méridionale, mentionnons le Greco di Tufo et le Fiano di Avellino de Campanie, deux vins blancs de grand caractère. Le Greco di Tufo a du corps, des notes fumées et minérales, et suffisamment d’acidité pour les plats tomates. Le Fiano est plus floral, avec du miel, plus doux en acidité mais très aromatique et long en bouche. L’un comme l’autre peuvent accompagner des lasagnes bien épicées ou enrichies en fromage, car ils apportent soit de la tension minérale (Greco) soit une richesse aromatique et une texture presque tannique (Fiano) qui se marie au gras. En Sicile, un Etna Bianco (souvent 100% Carricante) est un vin à l’acidité tranchante et aux notes de pomme, de zeste de citron et d’anis, qui pourrait jouer un peu le rôle d’un Sauvignon : parfait si la sauce contient des herbes aromatiques.

Pour revenir aux sources de la recette, n’oublions pas l’Émilie-Romagne, région de Bologne. Localement, on pourrait envisager un Albana di Romagna secco, vin blanc traditionnel de la région. L’Albana donne un vin assez rustique, sec mais avec du volume, des notes d’abricot et d’amande, et une certaine tannicité (c’est un blanc de macération souvent, presque orangé). Il pourrait curieusement bien aller avec la bolognaise grâce à sa structure ferme. Plus facile à trouver, un Trebbiano di Lugana (Lugana DOC, sur les bords du lac de Garde) offre un profil fruité (poire, citron), une bouche ronde, peu acide, mais très agréable – peut-être un peu discret toutefois pour ce plat.

Enfin, pour un accord anti-conventionnel totalement italien : oser un Lambrusco bianco (ou Lambrusco rosé pétillant) bien frais. Les Lambrusco blancs (obtenus en vinifiant en blanc le cépage rouge lambrusco) sont pétillants, légers, très rafraîchissants, avec des arômes de pomme et de fraise légère. Ce ne sont pas des grands vins, mais leur effervescence et leur faible alcool en font un compagnon joyeux qui nettoie le gras et s’accommode des saveurs simples. En somme, l’Italie offre bien des visages en blanc, ne pas hésiter à explorer pour sortir des sentiers battus.

vin blanc italien

Allemagne : le Riesling en roi, et plus si affinités

Nos voisins allemands excellent dans l’art du vin blanc, et en particulier du Riesling. Un Riesling allemand de belle facture pourrait être tout aussi indiqué qu’un Riesling alsacien. La différence, c’est qu’en Allemagne on trouve souvent des Rieslings avec un léger sucre résiduel (demi-secs type Kabinett ou Spätlese feinherb) qui peuvent être de formidables compagnons pour des plats relevés ou acides, car ce petit sucre adoucit l’acidité du vin et enrobe les saveurs. Sur une lasagne à la bolognaise, un Riesling de Mosel Kabinett feinherb par exemple, aux arômes d’agrume confit, de pomme et de fleurs, avec 8 ou 9% d’alcool, apporterait une douceur modérée qui calmerait la tomate, et une acidité pimpante pour garder le palais alerte. En version totalement sèche, un Riesling Trocken du Rheingau ou de la Nahe, plus corpulent, aux notes minérales intenses, jouera plutôt la similitude avec le Riesling d’Alsace sec : tranchant et citronné. D’ailleurs, on l’a vu, un accord au Riesling sec a été suggéré pour accompagner les sauces tomates provençales. Nul doute qu’un excellent Riesling allemand, sec ou tendre, peut marcher.

En dehors du Riesling, l’Allemagne produit d’autres vins blancs notables. Le Pinot Blanc (Weissburgunder) et le Pinot Gris (Grauburgunder) allemands sont souvent vinifiés secs, dans un style pur, fruité (pomme, poire, pêche) et modérément acide. Un Grauburgunder de bonne maison, issu du Bade ou du Palatinat, pourrait rappeler un Pinot Gris d’Alsace en un peu plus léger, et donc convenir si on cherche quelque chose de plus neutre en accompagnement. Plus original, le Silvaner de Franconie : ce cépage donne en général un vin sec, assez neutre aromatiquement mais très adapté aux accords mets-vins car il met en valeur le plat au lieu de le dominer. Un Silvaner franconien, avec ses nuances subtiles de foin, de poire et sa douceur en bouche, accompagnerait des lasagnes tout en discrétion, sans risque de clash de saveurs.

Notons que les Allemands, comme les Alsaciens, maîtrisent l’accord vin blanc/plats relevés. Ils n’hésitent pas par exemple à servir des Spätlese (Riesling tardif sucré) sur des viandes aux sauces aigres-douces. Si vos lasagnes ont une sauce tomate bien acidulée ou légèrement sucrée, pourquoi ne pas tenter un Riesling spätlese (assez doux) en contrepoint ? L’accord sera clairement contrasté (sucré vs salé-épicé) mais cela peut fonctionner par complémentarité, un peu comme on associe une sauce aigre-douce à un plat salé.

vin blanc allemand

Autriche : Grüner Veltliner et autres trésors alpins

L’Autriche s’est fait un nom avec son cépage fétiche, le Grüner Veltliner (GV pour les intimes), et quelques autres spécialités comme le Riesling du Wachau ou du Kamptal. Un Grüner Veltliner est un vin blanc sec généralement corsé, aux arômes souvent poivrés (poivre blanc), d’agrumes verts, de pomme et parfois une touche végétale de pois gourmand. En bouche, il a du volume, une bonne acidité et souvent une petite note épicée en finale. C’est un vin gastronomique par excellence en Europe centrale, qu’on sert aussi bien sur un schnitzel (veau pané) que sur des sushi ! Sur des lasagnes bolognaise, un GV de Wachau ou de Kremstal, de niveau Smaragd (les cuvées les plus mûres et riches), pourrait vraiment briller. Sa puissance aromatique (poivre, herbes) s’accordera aux assaisonnements du plat, sa structure ample fera face à la viande, et son acidité suffisante équilibrera la tomate. À essayer notamment si la lasagne a une composante épices un peu marquée (par ex. muscade, poivre).

Les Rieslings autrichiens méritent aussi d’être mentionnés. Ceux du Wachau sont souvent secs, serrés, avec des arômes de pêche, d’abricot et de pierre chaude. Ils sont un peu plus alcoolisés et opulents que les allemands, se rapprochant parfois du style alsacien en plus fruité. Un Riesling autrichien bien sec et puissant peut accompagner la lasagne sans faillir, en occupant l’espace aromatique laissé libre par le plat, tout en apportant la touche de citrus qui ravive l’ensemble en fin de bouche.

L’Autriche a par ailleurs des cépages locaux comme le Neuburger, le Rotgipfler ou le Traminer (Savagnin Rose, proche du gewurztraminer) dans la région de Vienne (Thermenregion). Ce sont des vins blancs assez ronds, parfois demi-secs, très parfumés. On les gardera plutôt pour des accords avec des plats épicés ou exotiques. Par exemple, un Traminer autrichien demi-sec sur une lasagne très épicée pourrait éteindre le feu du piment tout en ajoutant des arômes de rose et de litchi – mais cela risque de trop s’éloigner du goût recherché.

Pour finir ce tour, n’oublions pas d’autres pays : en Espagne, un Rioja blanco (souvent à base de Viura, parfois élevé en barriques longtemps) peut donner un vin évolué aux notes d’épices, de vanille et de noix, qui peut trouver un écho avec la bolognaise. Un Verdejo de Rueda, vif et herbacé, pourrait rappeler un Sauvignon sur la tomate. Aux États-Unis, un Chardonnay californien bien boisé apportera du corps et des notes grillées (mais attention à l’alcool et au sucre, qu’il reste sec). En Australie/Nouvelle-Zélande, un assemblage Sémillon-Sauvignon de la Hunter Valley ou Margaret River, ou un Sauvignon de Marlborough très aromatique, sont également des candidats. Enfin, un Chenin d’Afrique du Sud, riche et boisé, ou un Assyrtiko grec (sec et citronné), montrent que le monde regorge de vins blancs pour tenter des accords inédits. L’important est de respecter quelques principes de base, que nous allons résumer ci-dessous.

vin blanc autrichien

Comment choisir le bon vin blanc pour accompagner des lasagnes à la bolognaise

Devant tant d’options, comment s’y retrouver et sélectionner la bouteille idéale ? Voici les facteurs clés à considérer pour un accord réussi, ainsi que des conseils pratiques.

L’acidité : l’équilibre avec la sauce tomate

L’acidité est sans doute le critère numéro un. La sauce tomate de la bolognaise apporte une acidité marquée (pH bas) qu’il faut équilibrer. Un vin blanc trop faible en acidité paraîtra flasque et « mort » en bouche après une bouchée de lasagne. Au contraire, un vin blanc doté d’une acidité franche va tenir tête à la tomate et même apporter de la fraîcheur. On recommande souvent que l’acidité du vin soit au moins aussi élevée que celle du plat. C’est pourquoi les vins à belle acidité (Riesling, Sauvignon, Chenin, etc.) sont de bons choix. Leur acidité rafraîchissante agit comme un contrepoids au gras de la viande et du fromage, « nettoyant » le palais entre les bouchées. Cependant, attention à l’excès d’acidité : si votre sauce est très tomate et peu grasse, un vin extrêmement acide pourrait accentuer l’acidité générale. Il faut de la vivacité, mais liée à du fruité et du volume. Par exemple, l’acidité tranchante d’un Sauvignon blanc s’accompagne d’arômes fruités qui le rendent agréable et évitent la sensation austère d’une eau acide. En pratique : un vin blanc sec “nerveux” est souvent idéal, mais veillez à ce qu’il ait un minimum de maturité (évitez les vins trop verts). Et si la sauce tomate est adoucie (par du sucre, des carottes, une cuisson longue…), le besoin en acidité du vin est un peu moins crucial – on peut aller vers des vins légèrement moins acides mais plus ronds.

La puissance aromatique et l’intensité des saveurs

Ensuite, il faut évaluer l’intensité des saveurs du plat et du vin. Une lasagne à la bolognaise bien réalisée est puissante en goût : tomate mijotée, viande savoureuse, fromage affiné, herbes… Il ne faut pas que le vin soit trop neutre ou délicat, au risque de passer inaperçu. À l’inverse, un vin blanc explosif en arômes pourrait éclipser certaines nuances du plat. Il s’agit de trouver un équilibre d’intensité. Par exemple, un vin blanc aromatique (Sauvignon, Viognier, Gewurztraminer…) va ajouter sa palette de parfums : cela peut être très plaisant si les arômes se complètent (notes herbacées du Sauvignon avec l’origan, parfums d’abricot du Viognier avec la sauce tomate, épices du Gewurztraminer avec le poivre du ragù). Mais attention à ne pas aller jusqu’à la cacophonie. En général, on peut dire que des notes herbacées ou épicées dans le vin sont bienvenues car elles font écho aux ingrédients (herbes aromatiques, épices). Des notes fruitées (agrumes, pomme, fruits exotiques) apportent du relief et de la gaieté à l’ensemble. Par contre, des arômes trop floraux ou muscatés peuvent jurer avec le plat. Quant à l’intensité, visez un vin de moyenne à forte intensité aromatique : par exemple, un blanc du Rhône ou du Sud très aromatique sera un choix délibéré « opulent », alors qu’un blanc de Loire fringant sera un choix « frais ». Les deux peuvent marcher, l’important est d’adapter à votre lasagne. Si elle est très relevée et goûteuse, n’ayez pas peur d’un vin puissant en arômes. Si elle est plus douce (viande blanche, peu de tomates), restez sur un vin plus discret.

La texture et le corps du vin : en harmonie avec la béchamel

Les lasagnes offrent une texture moelleuse, fondante, due aux pâtes, à la béchamel, au fromage fondu. Le vin peut soit contraster en apportant de la légèreté, soit jouer l’harmonie en offrant du gras et du volume lui aussi. Un point à examiner est donc la texture du vin en bouche (léger, moyen, corsé) et sa rondeur. Un vin blanc très léger (ex : vin alpin type Jacquère de Savoie, ou un Muscadet sur lie léger) risque de paraître aqueux face à la lasagne. Un vin de corps moyen à charpenté est préférable. Cela peut se traduire par un degré d’alcool modéré+ (12,5 à 14%), un élevage sur lies qui donne du gras, voire un passage en fût qui ajoute de la structure tannique et glycérolée. Par exemple, les Chardonnay boisés ou les blancs à base de Marsanne/Roussanne ont souvent une texture onctueuse et veloutée qui va dans le sens du plat. Cette harmonie de texture est très agréable : vin et plat se fondent ensemble, aucune aspérité. À l’inverse, un vin blanc acéré et léger apporte un contraste de texture : il “coupe” le gras, ce qui peut éviter l’écœurement. Les deux approches se défendent. À vous de voir si vous voulez souligner le côté crémeux (prenez un vin assez rond, par ex. un blanc du Sud bien équilibré) ou bien le contraster (prenez un vin tendu et sec, par ex. un chenin vif). Dans tous les cas, assurez-vous que le vin ait suffisamment de matière : beaucoup de lasagnes = une bouchée volumineuse, il faut un vin capable de l’enrober. Un petit mot sur la température de service : plus un vin est gras, plus on peut le servir un peu frais (10-12°C) pour ne pas accentuer l’alcool; plus il est léger, plus on peut le servir frais (8-10°C) pour maximiser son tranchant.

Contraste ou similitude : trouver le fil conducteur

En accord mets-vins, on parle souvent de deux approches : chercher le contraste ou l’harmonie. Avec les lasagnes bolognaise et un vin blanc, cela se traduit par différents choix stratégiques :

  • Accord de contraste : Ici, on va prendre un vin qui tranche avec le plat, pour apporter du relief. Par exemple, miser sur la fraîcheur et l’acidité d’un blanc sec pour contrer le gras et le côté « douceur » de la béchamel. C’est l’option d’un Sauvignon tranchant, d’un Riesling vif, d’un vin très jeune et percutant. Le contraste peut aussi être aromatique : un vin aux arômes exotiques ou floraux qui viennent apporter une dimension nouvelle à un plat très tomaté/viandeux. Le risque du contraste, c’est de déséquilibrer le mariage si on pousse trop loin. Mais bien maîtrisé, il rend l’accord dynamique et évite toute saturation.
  • Accord d’harmonie (similitude) : Il s’agit ici de choisir un vin qui présente des caractéristiques rappelant celles du plat. Par exemple, un blanc rond, aux notes grillées et lactées, pour faire écho à la béchamel gratinée et au parmesan. Ou bien un vin dont les notes herbacées rappellent les herbes du plat (un Rolle de Provence aux notes de garrigue avec un plat contenant du thym...). L’accord par similitude crée une continuité de saveurs, rien ne vient heurter. L’attention se porte alors sur la complémentarité parfaite, presque un prolongement du plat par le vin. Le risque, c’est parfois un accord un peu « plat » si tout est trop similaire. Il faut que le vin apporte quand même sa personnalité propre. Mais l’harmonie a du bon : c’est souvent rassurant et très cohérent en bouche.

Dans notre cas, on pourrait dire que choisir un blanc sec très vif, c’est clairement jouer le contraste (acidité vs gras, vin léger vs plat riche). Choisir un blanc ample et boisé, c’est plutôt l’harmonie (rondeur vs onctuosité, arômes grillés vs gratin). Entre les deux, il y a toute une palette : un blanc fruité et assez frais fait un peu les deux, il contraste par l’acidité mais harmonise par le fruité qui va avec la tomate. N’hésitez pas à analyser votre propre recette de lasagne : est-elle particulièrement riche, ou plutôt légère ? Très tomatée, ou plus douce ? Ajustez le style du vin en conséquence selon que vous voulez compenser ou accompagner ces caractéristiques.

différents type de vin blanc

Derniers conseils pratiques

Pour conclure cette partie conseil, quelques astuces supplémentaires. D’abord, pensez à la température de service de votre vin blanc : un vin trop froid anesthésie les saveurs (tant du vin que du plat), tandis qu’un vin trop chaud paraît lourd. Servez les blancs autour de 10-12°C pour la plupart des accords avec lasagne, quitte à laisser le verre se réchauffer un peu dans la main. Ensuite, si vous optez pour un vin blanc évolué (par ex. un 2010 qui a 15 ans d’âge), n’hésitez pas à le carafer rapidement ou au moins à l’ouvrir à l’avance, pour qu’il s’épanouisse pleinement. Cela peut être utile avec certains Bourgogne ou Rhône blancs un peu réduits à l’ouverture. Enfin, prévoyez suffisamment de vin ! Les lasagnes sont un plat qui appelle la convivialité et on se ressert volontiers. Un vin blanc bien choisi aura du succès, assurez-vous d’en avoir assez pour accompagner tout le repas, d’autant que sa fraîcheur le rendra facile à boire.

dernier conseil du sommelier

Conclusion

En définitive, la question « quel vin blanc avec des lasagnes à la bolognaise ? » n’a plus de raison de faire peur. Du vin blanc sec et fruité d’Italie au grand cru de Riesling d’Alsace, du Chardonnay beurré de Bourgogne au Vermentino ensoleillé de Provence, les options ne manquent pas pour qui ose sortir des sentiers battus. L’important est de respecter l’équilibre des saveurs et des textures : acidité pour la tomate, rondeur pour la béchamel, arômes pour relever l’ensemble, et surtout le plaisir de l’accord. N’hésitez pas à organiser chez vous une petite expérience : servez deux vins blancs très différents avec vos lasagnes et amusez-vous à comparer les sensations, c’est ainsi que l’on forme son palais et qu’on découvre des mariages parfois étonnants.

On espère que ce tour d’horizon vous aura inspiré à tenter l’aventure du vin blanc sur vos prochaines lasagnes. Après tout, la cuisine et le vin sont un terrain de jeu fait d’expériences et de goûts personnels. Et si vos convives sont surpris de voir du blanc à table, faites-leur la démonstration avec assurance, anecdotes à l’appui (vous pourrez par exemple leur glisser que la vraie sauce bolognaise se fait au vin blanc, effet garanti !). Sur ce, il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter une excellente dégustation. À la bonne vôtre et bon appétit !

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